samedi 19 février 2022

Virgile s’en fout

Emmanuel Venet
Verdier, 2022



Virgile s’en fout ? Oserais-je dire que moi aussi ! Parce que, franchement, l’histoire qui nous est présentée n’a rien de passionnant ni de très original : quelques mois dans la vie d’un étudiant en droit préparant le concours de l’internat et connaissant des déboires amoureux.. Alors, bien sûr, vous me rétorquerez que même le plus banal des sujets peut donner un chef-d’oeuvre s’il est magnifié par le talent de l’auteur. Et je ne pourrais qu’approuver. Non qu’Emmanuel Venet en soit dénué, d’ailleurs : il avait fait montre dans Marcher droit, tourner en rond d’une vivacité et d’un mordant réjouissants qui offraient une vision caustique du genre humain. 


Ici, il ne se départit ni d’humour ni d’ironie, mais ils sont tellement affadis… sans doute parce qu’ils ne visent aucune cible. Le personnage principal n’a pas de consistance et traverse son existence sans jamais vraiment en prendre les rênes. Bref, il ne se passe pas grand chose, et, entre le début et la fin du récit, on n’a pas le sentiment qu’il ait accompli le moindre chemin. 

Certes, il y a bien une mise en abîme, qui nous indique que le livre que nous tenons entre les mains est celui que l’auteur, aujourd’hui psychiatre, a toujours rêvé d’écrire, et que cet étudiant n’est autre que son double. Voilà qui ajoute un tout petit supplément d’âme. Pas de quoi toutefois sustenter le lecteur.


Et tout cela ne serait rien si les brefs chapitres égrenant les scènes de son existence n’étaient entrecoupés d’autres évoquant des épisodes de la mythologie gréco-romaine… et qui arrivent, disons-le, comme un cheveu sur la soupe. Evidemment, j’ai bien essayé de voir comment ils pouvaient être liés au propos originel du livre, comme une sorte de métaphore ou de source d’inspiration, quelque chose comme un récit ancestral et tutélaire qui pouvait venir éclairer le parcours des personnages. Mais n’est pas Enée, Apollon ou Romulus qui veut, et malgré tous mes efforts, je n’ai pas réussi à trouver l’articulation, si bien que la lecture m’est apparue inutilement fragmentée et, de ce fait, légèrement ennuyeuse. 

Dommage, parce que j’étais vraiment désireuse de retrouver la finesse d’observation et le piquant qui m’avaient charmée. 






8 commentaires:

  1. Quand on attend beaucoup d'un auteur, la déception est d'autant plus vive. Il faut espérer que le prochain sera meilleur.

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  2. Le sujet n'est pas hyper vendeur non plus.

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    1. Non, mais ça ne veut rien dire : il m'est déjà arrivé de lire des livres absolument formidables sur des sujets qui ne m'attiraient pas du tout. Et l'inverse est vrai aussi !

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  3. Bah écoute, je n'en avais pas entendu parler, je vais donc continuer comme ça ;-)

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  4. Bon, tout le monde s'en fout, alors... parfois le choix d'un titre n'est pas anodin. ;-)

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