Petros Markaris
Le Seuil, 2015
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Un polar dans la plus pure tradition du genre, qui nous donne accès à la société grecque vue de l'intérieur.
Après la lecture envoûtante d’Il est avantageux d’avoir où aller, il m’a été très difficile de sortir de l’univers de Carrère. J’ai d’ailleurs jeté l’éponge aux trois quarts d’un roman mal écrit et mal traduit dont la médiocrité m’apparaissait certainement avec d’autant plus d’éclat. Un polar s’imposait finalement comme le meilleur choix, et cela tombait bien puisque Markaris m’attendait patiemment à la bibliothèque où j’avais réservé son dernier opus, afin de poursuivre la découverte de la littérature grecque initiée par Yueyin et Cryssilda.
Ma lecture arrive après celle de plusieurs blogueuses, aussi avais-je l’impression d’être déjà un peu familière du commissaire Charitos. C’est que la littérature grecque contemporaine semble être un territoire bien peu exploré par les Français, et les lecteurs avides de culture héllénique voient donc leur appétit de découverte bien mal satisfait. Avis aux éditeurs ! Je suis certaine que de talentueux auteurs n’attendent que d’être traduits. Ils nous offriraient en outre un regard tout à fait intéressant sur la situation de leur pays, bien souvent et parfois bien mal commentée.
Mais revenons-en à notre commissaire Charitos. Dans une Grèce en pleine tourmente, il voit sa fille avocate se faire rouer de coups par des militants d’extrême-droite appartenant à Aube dorée sous l’œil bienveillant d’un représentant de l’ordre, tandis qu’il doit faire face à une vague de meurtres revendiqués par de mystérieux «Grecs des années 50». Son enquête va le ramener au temps de la guerre civile et de la dictature des colonels, dont les stigmates restent manifestement encore bien perceptibles au sein du peuple grec.
Ce qui est particulièrement réussi dans ce roman, c’est le rendu de l’atmosphère qui règne actuellement dans ce pays. On y voit tout à la fois un rejet féroce des étrangers, un racisme ordinaire de plus en plus présent, la corruption de l’administration, les difficultés de la population à subvenir à ses besoins les plus élémentaires... Ce dernier point est tout à fait savamment distillé au travers de la vie quotidienne du commissaire que Markaris ne manque pas de nous raconter, rendant le propos extrêmement efficace car dépourvu de toute visée lourdement démonstrative. Plus que l’intrigue elle-même, c’est ce que j’ai apprécié dans ce livre. Markaris brosse un tableau très vivant et sans concession de son pays. Il évoque également son passé récent dont je ne connais que les grandes lignes. Un bon point de départ pour approfondir ma connaissance de l’histoire contemporaine de la Grèce...
Je partage l'avis d'Eva sur ce livre ; du même Markaris, Aifelle a lu Le justicier d'Athènes, Yueyin Liquidation à la grecque et Miriam Publicité meurtrière
Je partage l'avis d'Eva sur ce livre ; du même Markaris, Aifelle a lu Le justicier d'Athènes, Yueyin Liquidation à la grecque et Miriam Publicité meurtrière