Jean-Baptiste Andrea
L’Iconoclaste, 2017
Des amis, il n’en a pas.
Chez lui, on ne parle pas beaucoup ; son père préfère regarder la télévision...
Sa sœur habite à la ville ; elle vient une fois l’an.
L’école, il a dû la quitter pour un établissement spécialisé... où il n’est finalement jamais allé.
Alors, il a enfilé le blouson orange marqué Shell dans le dos, et il s'acquitte consciencieusement des deux missions que lui ont confiées ses parents : lustrer le téléphone en bakélite et confectionner le papier toilettes des WC de leur station essence. Il découpe des carrés dans le journal, en faisant bien attention à ne pas tailler dans un numéro que son père n’aurait pas lu... ou bien gare à la beigne !
Mais voilà que ses parents parlent de se séparer de lui.
Alors il part. Il va aller là où vont les hommes : à la guerre, pour montrer aux yeux du monde qu’il n’est plus un enfant.
La guerre, c’est loin.
Il va s’arrêter en chemin, mais va pourtant grandir, grâce à une lumineuse rencontre.
Viviane a le même âge que lui. Pour une fois, on ne le regarde pas comme un demeuré. On ne se moque pas de lui. On ne lui lance pas de pierre. Le temps d’un court été, Viviane va devenir sa reine, son alpha et son oméga, celle qui illumine ses jours, celle qui le considère enfin comme un être à part entière, même si elle en fait son sujet, qui lui doit à ce titre une complète obéissance. Même s’il doute de l’existence de son palais aux mille pièces changeantes, Shell choisit de croire qu’elle est une fée. Il est si heureux de la saveur nouvelle que Viviane donne à sa vie !
Retranché dans un coin de la montagne, il attend chaque jour sa venue. Il découvre le sens de la complicité, de la confiance et de la loyauté. La vie prend un autre tour. Son horizon s’élargit.
Il y a un homme, aussi. Un berger. Un taiseux. Qui a connu son lot d’infortune, croit-il deviner. Entre eux, les échanges sont simples. Ils se font d’homme à homme, d’égal à égal, sans fioritures. Avec lui, la vie a la beauté abrupte des terres rocailleuses où paissent les moutons.
Au contact de deux êtres, un petit garçon pas comme les autres s’éveille à l’amitié et à l’amour. Jean-Baptiste Andrea nous offre un conte à la fois rugueux et tendre, ayant la saveur douce-amère de l’existence, le récit âpre et délicat d’un enfant qui affronte le monde, telle une étoile filante illuminant le ciel. C’est beau et cruel à la fois. Comme l’est souvent la vie.
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