Les tops 100 de lectures fleurissent en ce moment sur les blogs littéraires, aussi ai-je eu envie de faire le mien. Sauf que: 100 livres c’est énorme. Y a-t-il vraiment 100 livres qui ont compté pour moi (sachant que l’une des règles du jeu consiste à ne citer qu’un seul livre par auteur) ? Je ne le pensais pas, et l’établissement de ma liste m’a donné raison. Aussi me suis-je limitée à 50. Ces 50 romans (enfin 49 et 1 recueil de nouvelles) dessinent mon parcours de lectrice.
Sans surprise, la littérature française est sur-représentée (quoique plus encore que je ne l’aurais pensé) avec, évidemment, une grande importance accordée à celle du XIXe siècle.
En revanche, j’étais étonnée de ne répertorier aucun livre indien, alors que je lis régulièrement, avec plaisir et intérêt, la littérature de ce pays. Il faut croire qu’aucun livre saillant n’apparaissait spontanément. C’est plutôt le kaléïdoscope de mes différentes lectures qui composent en moi une image vivante et cohérente de ce sous-continent. Mais je voulais toutefois que cet aspect de mes lectures apparaisse. Aussi, en fouillant dans ma mémoire, ai-je repensé à Sangati, ce livre d’une intouchable qui en dit beaucoup sur la société indienne.
Certains romans marquent des étapes très précises, et je me souviens du contexte dans lequel je les ai lus. Ainsi La gloire de mon père a-t-il été mon premier livre «de grand». C’était une lecture imposée par mon professeur de français au collège, et j’ai lu ensuite bien des livres de Pagnol. Il faut dire qu’à l’époque je passais souvent mes vacances en Provence, et la maison de la presse du village les avait tous. Un coup de vélo, et hop ! Le château de ma mère, Marius-Fanny-César, La femme du boulanger... ils y sont tous passés, avec le chant des cigales pour fond sonore.
Quant aux Trois mousquetaires, lu au même endroit d’ailleurs, c’est ma première oeuvre du XIXe : une révélation ! J’en oubliais le boire et le manger, mais je dévorais les pages ! Ah Milady, que d’émotions et de sentiments contraires je lui dois...
Puis il y a eu Zola... et Vallès. Inutile de vous refaire le film ! Pendant plusieurs années, cet écrivain a occupé mon esprit, mes jours... et mes nuits !
Autant dire que j’ai vécu au XIXe siècle de mes 13 à mes 25 ans, environ, jusqu’à... un autre choc littéraire : L’invention du monde d’Olivier Rolin. Je ne peux pas vous dire ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre. Un mélange de stupéfaction et d’admiration. Ce fut comme si mon horizon, d’un coup, s’élargissait. Ainsi des écrivains vivants, peu ou pas connus, pouvaient écrire des œuvres de cette mesure, aussi intelligents, brillants, ambitieux, inventifs et beaux !
De ce jour, je me suis mise à lire les écrivains les plus contemporains et j’ai fait des découvertes réjouissantes. D’autant plus réjouissantes qu’il s’agissait d’explorer des territoires vierges, des textes que personne ou presque n’avait lus avant moi ; personne pour m’indiquer la direction à prendre ; être seule face à l’immensité de la littérature et se frayer un chemin en totale liberté...
Je cite ici quelques-unes de mes lectures récentes, parmi celles qui m’ont le plus enthousiasmée. Difficile de savoir ce qu’il m’en restera dans 10 ou 20 ans, et si je les citerai encore si je me plie à nouveau à cet exercice. Il y en a un pourtant qui, j’en suis sûre, restera, c’est Khomeiny, Sade et moi d’Abnousse Shalmani : l’humour, l’esprit critique, la vitalité et surtout la liberté de ton qui caractérisent le talent de ce jeune auteur féminin correspondent en tout point à ce que la littérature peut selon moi apporter de meilleur.
A suivre...
Adam Olivier, Les Lisières
Alain-Fournier, Le grand Meaulnes
Ammaniti Niccolo, Je n’ai pas peur
Artaud Antonin, Le moine
Axionov Vassili, Une saga moscovite
Balzac Honoré, Le Père Goriot
Bama, Sangati
Beigbeder Frédéric, Un roman français
Benaquista Tonino, Trois carrés rouges sur fond noir
Binet Laurent, La Septième Fonction du langage
Blondel Jean-Philippe, Un hiver à Paris
Boris Hugo, Trois grands fauves
Brontë Charlotte, Jane Eyre
Carrère Emmanuel, Le Royaume
Coe Jonathan, Bienvenue au club
Diaz Jesus, Parle-moi un peu de Cuba
Dostoievski Fedor, Crime et châtiment
Dubois Jean-Paul, Une vie française
Dumas Alexandre, Les trois mousquetaires
Eco Umberto, Le nom de la rose
Flaubert Gustave, Madame Bovary
Gazier Michèle, Un cercle de famille
Hugo Victor, Le dernier jour d’un condamné
Laclos, Les Liaisons dangereuses
Lafon Lola, La petite communiste qui ne souriait jamais
Lehman Christian, Une éducation anglaise
Lorrain François-Guillaume, L’année des volcans
Mann Klaus, Le Tournant
Maupassant Guy de, Bel-Ami
McInerney Jay, Trente ans et des poussières
Moutot Michel, Ciel d’acier
Murger Henry, Scènes de la vie de bohème
Musset Alfred de, La confession d’un enfant du siècle
Osorio Elsa, Luz ou le temps sauvage
Pagnol Marcel, La gloire de mon père
Perez-Reverte Arturo, Le Tableau du maître flamand
Rolin Olivier, L’Invention du monde
Sampedro Jose-Luis, Le Sourire étrusque
Semprun Jorge, Adieu vive clarté...
Shalmani Abnousse, Khomeiny, Sade et moi
Steinbeck John, A l’est d’Eden
Vallès Jules, La trilogie de Jacques Vingtras (L’Enfant, Le Bachelier, L’Insurgé)
Vargas Llosa Mario, La fête au bouc
Vazquez Montalban Manuel, Moi Franco
Vigan Delphine de, Rien ne s’oppose à la nuit
Villiers de l’Isle-Adam, Contes cruels
Voznesenskaia Julia, Le Décaméron des femmes
Zola Emile, Au bonheur des dames