lundi 19 juin 2023

De la main d’une femme

Astrid de Laage
Grasset, 2023



Qui ignore le nom de Charlotte Corday ? Sans doute pas grand monde, puisqu’il suffit d’être allé à l’école pour avoir appris qu’elle est celle qui assassina Marat. Mais que sait-on vraiment de cette femme ? J’ai beau réfléchir, en ce qui me concerne la réponse demeure obstinément : rien. Astrid de Laage, qui en est la lointaine descendante, ne semblait pas en savoir beaucoup plus, même si elle pouvait contempler son portrait lorsqu’elle se rendait enfant chez ses grands-parents, suscitant alors de grands questionnements qu’elle ne manquait pas de partager avec ses cousines : l’avait-elle tué par amour ? Le mystère restait entier.


Devenue adulte, Astrid a enquêté : plongée dans les affaires transmises par les générations précédentes, rendez-vous pris avec des historiens, séjours effectués sur les lieux où vécut sa célèbre ancêtre, conversations partagées avec de lointains parents. Mais se mettre en quête du vrai visage de Charlotte Corday, c’est aussi s’interroger sur celui de Marat. 


Peu à peu, Astrid de Laage compose ainsi le portrait d’une femme qu’un seul geste fit passer à la postérité, sans que l’on se soit vraiment interrogé sur ce qui l’avait guidé. On découvre l’une de ces femmes qui voulut prendre sa part au débat public, participer activement aux événements selon ses convictions, mais qui, à l’égal de ses congénères, fut complaisamment renvoyée aux fonctions de son sexe. C’est ainsi qu’elle mena une action isolée, au sacrifice tout à fait conscient et déterminé de sa propre vie, renforçant au passage l’idée déjà largement répandue selon laquelle les femmes n’agiraient que sous l’empire de passions qui les dépassent. Sa tête tomba, comme tombèrent celle d’Olympe de Gouges ou de Madame Roland ; Théroigne de Méricourt fut quant à elle internée à la Salpétrière ; les clubs de femmes furent dissous dès 1793, et c’est ainsi que la Révolution resta, comme il se doit, une affaires d’hommes.


Ce récit ne prétend évidemment pas à la rigueur que l'on attendrait d'un ouvrage écrit par un historien ou une historienne. Il n’en constitue pas moins une approche intéressante du personnage de Charlotte Corday et présente le mérite de nous plonger avec un certain talent dans cette époque ô combien passionnante et déterminante qu'est la Révolution française. 

4 commentaires:

  1. Et à part le projecteur sur Charlotte Corday est-ce que ce récit apporte un éclairage spécifique sur le période ?

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    1. Non, c'est très axé sur Charlotte Corday et le lien qui unit la narratrice à son personnage. Et puis ce n'est pas un livre d'historienne. Mais il est plaisant à lire.

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  2. C'est un beau sujet qui m'intéresse, en tous cas.

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