jeudi 16 octobre 2025

Les sept vies extraordinaires de Devi Kumari

Vikas Swarup
Belfond, 2025

Traduit de l’anglais (Inde) par Sarah Tardy



C’est un peu par défaut que j’avais entrepris la lecture de ce roman : l’envie d’un truc léger pour finir mes vacances… Je m’étais dit que j’allais tenter et abandonner si ça manquait de consistance. Contre toute attente, je me suis tout de suite laissé happer par un prologue aux allures de polar d’une redoutable efficacité : la jeune Devi se trouvait ligotée sur une chaise, sommée de raconter son histoire, un récit filmé et diffusé en direct par son mystérieux ravisseur. Car Devi avait beau n’être que dans la vingtaine, elle avait déjà connu bien des expériences, sous diverses identités et en différentes régions de l’Inde.


Appartenant à une basse caste, devenue orpheline dès son plus jeune âge, elle a dû apprendre à se débrouiller seule.  Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est sacrément dégourdie ! On s’en doute cependant, elle n’a guère été épargnée et a dû bien souvent pour survivre se défendre avec une pugnacité et parfois une rage que certains, qui en portent définitivement les stigmates, ne lui pardonnent guère. L’homme qui la tient sous sa coupe est-il l’un d’eux, comme Devi le soupçonne d’abord ? Va-t-il la tuer froidement sitôt qu’elle aura livré son témoignage ? Son ravisseur se révèle bien plus retors : Devi va être mise aux enchères auprès de chacune de ses « victimes » à mesure qu’elle va dérouler son récit. Libre ensuite à celui qui l’emportera de faire d’elle ce qu’il voudra…


Construit en sept chapitres correspondant aux sept épisodes de la vie de son héroïne, ce récit a des accents de conte des mille et une nuits. Les témoignages toujours plus rocambolesques que livre Devi sont entrecoupés des commentaires de son ravisseur auquel la jeune femme espère échapper. Le ton est extrêmement romanesque, le rythme haletant et les péripéties nombreuses. Pourtant, derrière cette forme divertissante se dessine un tableau tout à fait réaliste de l’Inde, avec ses violents contrastes et la corruption massive qui y règne. 


Vikas Swarup applique ici une recette qui a déjà fait ses preuves. La structure et le style sont très comparables à ceux de Pour quelques milliards et une roupie - et peut-être à d’autres de ses livres que je n’ai pas lus. Mais il est un chef habile et suffisamment parcimonieux pour ne pas susciter la lassitude. Si l’on doit à nouveau attendre dix ans son prochain roman, nul doute que je le lirai encore avec le même plaisir.


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