Delphine de Vigan
Jean-Claude Lattès, 2019
Ce livre, pour moi, c’était un peu quitte ou double. Parce que Delphine de Vigan ce sont des émotions sans pareilles offertes par Rien ne s’oppose à la nuit ou Les heures souterraines. Mais c’est aussi une terrible déception née de la lecture des Loyautés qui constituaient le premier tome d’une trilogie dans laquelle s’inscrivent ces Gratitudes.
A vrai dire, je n’aurais sans doute pas lu ce nouvel opus si quelques avis ne m’avaient assurée que ce second texte était nettement plus réussi que le précédent.
Et c’est vrai que j’ai été touchée par ce récit. A l’inverse des Loyautés, il se concentre surtout sur un personnage, évitant ainsi toute forme de dispersion et invitant davantage le lecteur à l’empathie. En outre, en choisissant de s’intéresser à la fin de vie et à la manière dont elle est socialement perçue et prise en charge à travers la maladie d’Alzheimer et la perte progressive du langage, l’écrivaine s’offrait évidemment un terrain de jeu privilégié. A cet égard, les dialogues traduisent parfaitement l’évolution de cette pathologie, et la brièveté du roman reflète la rapidité de la dégradation de l’état de la vieille femme qui en est l’héroïne.
Mais il s’agit là d’un sujet en soi, et il me semble qu’il aurait gagné à être traité sans le recours à cette histoire de gratitude, qui m’est apparue comme totalement superfétatoire. Dès lors, la question de l’expression de la reconnaissance aux personnes qui vous ont été d’un grand secours, auxquelles vous devez peut-être la vie et, singulièrement, aux justes qui sauvèrent des juifs pendant la guerre, n’est ici qu’effleurée, alors que cette question aurait naturellement pu faire l’objet d’un roman en soi.
Et si j’ai trouvé ce qui fait le coeur de ce récit traité avec sensibilité et justesse, j’aurais aimé que celui-ci soit plus développé et que la psychologie des personnages - en premier lieu celle de l’héroïne, bien sûr, mais aussi celle de l’entourage familial et du personnel soignant - aille plus loin. Peut-être ainsi aurais-je pu accorder plus de crédit à certaines scènes qui m'ont semblé ici assez peu convaincantes... Dommage.
Quitte ou double, disais-je au début de ma chronique. Alors, continuerai-je à lire Delphine de Vigan ? Eh bien, je crois que j’opterai finalement pour un entre-deux : je ferai probablement l’impasse sur le dernier tome de cette trilogie pour retrouver l’auteure par la suite, avec un nouveau récit qui, je l’espère, sera totalement différent et me permettra de renouer avec l’enthousiasme.
Depuis Rien ne s'oppose à la nuit que je n'ai pas aimé, je n'ai jamais relu cette auteure et je ne lirai sûrement pas celui-ci, avec toutes les critiques négatives qui me confortent dans le fait que cette auteure n'est décidément pas pour moi.
RépondreSupprimerEn revanche, grâce à toi je viens de lire Le sourire étrusque... quel bonheur !
Oh, mais ça c'est génial, alors ! Qu'est-ce que tu me fais plaisir ! J'adore ce livre ! Et tu n'as pas trop pleuré ? :-)
SupprimerLe sujet m'a tellement touchée (personnellement) que la lecture m'a percutée émotionnellement et que cette émotion brouille complètement ma vision du livre. Du coup, je ne me prononce pas, j'ai l'intention de le relire, on verra...
RépondreSupprimerOui, c'est ce que tu m'avais dit, je m'en souviens très bien.
SupprimerC'est un sujet qui remue, c'est certain, surtout si on y a été confronté. Il est très facile de faire une seconde lecture de ce roman. Ce sera alors sur un mode plus apaisé. Je sais très heureuse de pouvoir alors en parler avec toi.
déception avec "Les loyautés" j'ai moins envie de lire celui-ci du coup!
RépondreSupprimerj'ai bien aimé "rien ne s'oppose à la nuit" et surtout "No et moi" mon préféré par contre "D'après une histoire vraie" m'a déçue, irritée !
J'avais quant à moi trouvé "D'après une histoire vraie" très habile de la part de l'auteure.
SupprimerCertains lecteurs ou certaines lectrices qui avaient été déçus par "Les loyautés" ont trouvé "Les gratitudes" bien meilleur, alors à toi de voir...
Je l'ai lu dernièrement et fut également très touchée par cette histoire toute en sensibilité et émotion. Comme dans "Les Loyautés", je regrette que le roman soit si court. J'aurais aimé plus de développement.
RépondreSupprimerOui, je suis bien d'accord avec toi, c'est ce que je dis dans mon billet...
SupprimerJ'avais été moi aussi moins convaincue par Les loyautés que par ses précédents romans mais là, à lire ton billet, je suis quand même tentée de le découvrir.
RépondreSupprimerComme je compte bien aller à la librairie pour prendre "A la ligne", j'en profiterai pour embarquer celui-ci.
Merci pour ces découvertes !
:-))
SupprimerAh oui, surtout ne rate pas A la ligne !!!
Décidément, cette trilogie semble d'une fadeur à tous points de vue qui ne me tente pas du tout...
RépondreSupprimerC'est sûr que ce n'est pas vers ceux-là que je te pousserais si tu n'as pas encore découvert Delphine de Vigan. En revanche, Rien ne s'oppose à la nuit ou Les heures souterraines... ;-)
SupprimerJ'ai bcp aimé Rien ne s'oppose et les heures... je me suis arrêtée ensuite, les thèmes ne me disaient rien, j'hésite encore pour celui là!
RépondreSupprimerCompte tenu du message que tu m'as laissé sur le livre de Yannick Haenel, aucune doute : choisis plutôt Le Caravagae ;-)
Supprimervraiment déçue par les Loyautés...je pense que je lirai quand même Les Gratitudes, mais uniquement parce que ma mère l'a reçu en cadeau et que je lui emprunterai...(mais je n'en ferai pas une priorité, alors que j'avais lu les Loyautés dès sa parution, ayant adoré Rien ne s'oppose à la nuit et vraiment beaucoup aimé D'après une histoire vraie)
RépondreSupprimerExactement le même schéma que moi, quoi... Bon, si tu peux te le faire prêter, c'est parfait ;-)
Supprimer