Jean-Claude Lattès, 2018
Delphine de Vigan fait partie de ces écrivains qui m’ont offert de lire des textes m’ayant tellement impressionnée - à plusieurs reprises et pour des raisons différentes en ce qui la concerne - que je me suis littéralement ruée sur son nouveau roman.
Disons tout d’abord qu’elle a définitivement clôt l’épisode Rien ne s’oppose à la nuit, qui avait ensuite donné lieu à D’après une histoire vraie, réponse ludique et littéraire à toutes les questions qui lui avait alors été posées. Elle revient à une veine plus classique et plus distanciée. Plus concise et plus sèche, peut-être aussi.
Dans ce roman, elle fait le portrait d’un jeune garçon au seuil de l’adolescence, Théo, vivant alternativement chez son père et sa mère, divorcés. Plus aucun lien ne subsiste entre eux, si ce n’est une rancœur tenace habitant la mère. Chaque semaine, Théo entre dans un univers qu’il doit entièrement laisser derrière lui lorsque celle-ci se termine. Aucune trace, si ténue fût-elle, ne doit venir rappeler à sa mère l’existence de son ex-mari...
Partagé entre deux mondes, Théo porte seul le poids de la dépression dans laquelle sombre son père.
Une enseignante semble toutefois percevoir une faille chez cet enfant. Une faille qu’il tente de combler en s’offrant des instants d’ivresse avec son meilleur ami Mathis...
Delphine de Vigan choisit d’aborder cette histoire à travers le regard de différents protagonistes - Hélène, la professeure principale de Théo, Mathis et la mère de celui-ci. Peu à peu, chacun de ces personnages révèle alors ses propres fêlures.
L’écriture est efficace, l’auteure va droit au but. Un peu trop, peut-être. Elle accumule les drames, plus ou moins enfouis en chacun de ses héros. Elle mène son récit au pas de charge et nul n’est épargné, si bien qu’on finit par avoir une sensation d’artifice. Là où, dans Les heures souterraines, Delphine de Vigan prenait le temps d’entrer dans la psychologie de son héroïne, elle cherche ici à embrasser trop de destinées et prive de sa faculté d’empathie le lecteur qui ne sait plus à quel saint se vouer...
D’une grande brièveté - j’ai lu ce texte le temps d’un dimanche après-midi - ce roman ne laissera sans doute pas en moi une empreinte durable, comme ce fut le cas des lectures que j’ai citées. On ne peut pas être toujours au plus haut de son talent... Rendez-vous avec son prochain livre !
Ouch... Je viens de lire le billet d'Eva. Et maintenant le tien. C'est définitif, ce n'est pas avec ce roman (qui me tentait beaucoup) que je vais découvrir Delphine de Vigan!
RépondreSupprimerEffectivement, je pense qu'il vaut lieux la découvrir avec l'un de ses précédents...
Supprimerah oui effectivement, on est d'accord!
RépondreSupprimerHélas... :-)
SupprimerAïe zut ! J'espérais que ton avis serait plus enthousiaste.
RépondreSupprimerMoi aussi !
Supprimer;-)
Tu es la deuxième personne à avoir un avis mitigé sur ce roman. Je pense donc passer mon tour.
RépondreSupprimerC'est celui d'Eva, l'autre avis, ou c'en est un troisième ?
SupprimerCelui de Virginie. Si en plus Eva a le même avis que vous sachant que et je viens encore d'en lire un ... Définitivement, je passe mon tour.
SupprimerEn même temps, c'est pas comme si t'avais une pal qui déborde ! :-))
SupprimerJe n'ai toujours pas envie de lire cette auteure. Je ne sais pas si l'envie me viendra un jour ..
RépondreSupprimerC'est sûr que ce n'est pas ce billet qui aura pu susciter une envie de découverte...
SupprimerJ'ai prévu de le lire, je note les réserves, mais j'aime bien sa façon d'écrire, j'espère que je ne serai pas trop déçue ...
RépondreSupprimerTout dépend un peu de la veine que tu aimes chez elle... On est loin de Rien ne s'oppose...
SupprimerSon écriture reste efficace, et j'ai lu le livre d'une traite. Mais disons que j'ai trouvé le tout un peu sec... Je guetterai ton billet.
Tellement enthousiasme par rapport à cette auteur que je n'ai pas la même réserve. Mais c'est vrai que le format court et très concis ne rend pas compte de l'intensité qu'il y avait dans les précédents ! Néanmoins, toujours agréable d'échanger nos remarques ! Merci
RépondreSupprimerDifficile de critiquer un auteur quand on en est inconditionnel... ;-)
SupprimerCe n'est pas tant la concision qui me gêne que la sécheresse du style et cette espèce d'éparpillement, de volonté de mettre tous les personnages sur le même plan. Ils sont tous des failles, ils connaissent tous - ou ont connu - des drames, mais finalement, aucun n'est vraiment fouillé. En fait, je crois que ce roman manque de relief.
Je n'avais déjà pas été hyper emballée par le précédent. Alors, même si toi tu es déçue de celui-ci, je ne vais pas persévérer!
RépondreSupprimerEn effet, si tu n'as déjà pas franchement apprécié ses précédents livres, pas la peine d'insister... en tout cas, pour cette fois ;-)
SupprimerCe roman semble intéressant, qu'il soit dans la lignée des Heures souterraines est plutôt pour me plaire... mais je n'en ferai pas une priorité, si Eva et toi avez eu un sentiment mitigé.
RépondreSupprimerLes heures souterraines entrait beaucoup plus dans la psychologie de son personnage ! On comprenait tous les mécanismes à l'oeuvre dans la relation toxique qu'entretenaient les protagonistes.
SupprimerC'est beaucoup moins le cas ici. DDV reste très extérieure aux personnages et s'éparpille trop sur les différents personnages. En ne voulant oublier personne, elle ne convainc pas...
J'ai un peu peur de l'attaquer, elle semble tomber dans une certaine facilité. :/
RépondreSupprimerTu ne perds rien à essayer, c'est un petit bouquin très facile à caser dans une PAL, même vertigineuse... ;-)
SupprimerJ'ai été beaucoup plus séduite que toi. Ma chronique paraît demain, nous pourrons en parler ;) !
RépondreSupprimerJe ne manquerai pas d'aller te lire :-)
SupprimerDes avis mitigés, ou enthousiastes, ou déconcertés...
RépondreSupprimerOui des avis divers, après Sonia, le tien fait peur - tu l'as lu en un après-midi, il fait combien de pages ?
RépondreSupprimerj'attendrai tranquillement qu'il arrive en BM et après la vague...
Il n'est pas très épais, et le corps de la typo est plutôt généreux... c'est vite lu!
SupprimerDisons que la tonalité de ton billet ne m'étonne pas... je le pressentais d'où ma toute petite envie qui ne m'a pas fait me précipiter... Après l'intensité des 2 précédents on va dire que c'est presque normal... si j'ai l'occasion j'y jetterai un oeil mais je peux aussi attendre le prochain :-)
RépondreSupprimerTu as raison... Déjà, je trouvais qu'elle s'en était remarquablement sortie avec D'après une histoire vraie.
SupprimerDe Vigan c'est comme Adam : jamais lu :)
RépondreSupprimerMais, enfin Jérôme, que fais-tu donc de tes journées (et de tes nuits) ?
Supprimer:-D
j'ai trop aimé le blog
RépondreSupprimerEuh... merci...
SupprimerMême avis que toi et Eva ... :/
RépondreSupprimerEt pourtant, je crois qu'on avait toutes envie de l'aimer, ce livre...
Supprimer