Laetitia Colombani
Grasset, 2017
Smita, Giulia, Sarah ou la condition des femmes
Le voici donc, le phénomène littéraire du moment, le livre qui s’est hissé parmi les meilleures ventes actuelles, alors que son auteure était jusqu’ici totalement inconnue ! Souvent - mais pas toujours -, je me tiens à l’écart de ces romans dont tout le monde parle. Pas par snobisme littéraire, non - en tout cas pas uniquement ! - mais pour les mêmes raisons qui me font passer très rapidement sur les sites dits incontournables des destinations touristiques pour aller me perdre dans les endroits plus méconnus, dont personne ne parle : c’est souvent là que l’on découvre les plus beaux trésors...
Bref, La tresse ayant été sélectionné par le comité de lecture des 68 Premières fois, c’était l’occasion de faire une entorse à mes principes !
Vous le savez sans doute, il s’agit de trois histoires de femmes, sur trois continents, illustrant dans trois registres différents le combat que les femmes doivent livrer, où qu’elles se trouvent et quelle que soit leur situation, pour conquérir une place égale à celle des hommes, voire pour simplement exister. C’est un sujet qui bien évidemment me touche, les luttes féministes étant à mon sens loin d’être un combat d’arrière-garde.
Smita, Indienne intouchable réduite à vider à mains nues les latrines des habitants de son village pour espérer être rémunérée de quelque reste de nourriture, Sarah, brillante avocate canadienne élevant seule ses trois enfants, sacrifiant tout à sa vie professionnelle pour espérer obtenir la reconnaissance qu’elle mérite, et Giulia, soumise au patriarcat de la société sicilienne, représentent ainsi quelques-uns des archétypes féminins d’aujourd’hui. En tant que femme, ces tranches de vie ne peuvent que susciter en moi un sentiment de révolte.
Mais j’avoue que la forme littéraire m’a laissée un peu sur ma faim. Le roman est bref : 224 pages pour raconter trois destins, c’est peu pour faire place au développement psychologique des personnages et à la mise en place d’un contexte socio-historique.
On passe alternativement de l’une à l’autre de ces héroïnes, sans avoir le temps de s’attacher à elles ni d’éprouver de véritable empathie. Du coup, alors même que j’ai conscience que ces personnages renvoient à de terribles réalités, ils me paraissaient caricaturaux. En outre, la façon dont les trois récits s’entremêlent m’a paru un peu cousue de fil blanc.
Je ne dirais pas que je me suis ennuyée ni que j’ai passé un désagréable moment avec ce livre. Il est extrêmement facile à lire et joue sur une corde sensible qui peut, manifestement, toucher son public. Mais d’un point de vue littéraire, disons que je le trouve un peu faible. Cependant, s’il peut contribuer à faire prendre conscience de la persistance des inégalités entre les sexes et de la nécessité de défendre encore et toujours les droits des femmes en tout point du monde, alors souhaitons qu’il continue de connaître le succès !
Ma chère Nicole a quant à elle été nettement plus enthousiaste; de nombreux billets à lire, notamment ceux de L'Ivresse littéraire ou d'Henri-Charles Dahlem
Ma chère Nicole a quant à elle été nettement plus enthousiaste; de nombreux billets à lire, notamment ceux de L'Ivresse littéraire ou d'Henri-Charles Dahlem
De la bombe de Clarisse Gorokhoff, Gallimard
Elle voulait juste marcher tout droit
Elle voulait juste marcher tout droit
de Sarah Baruck, Albin Michel
La plume de Virginie Roels, Stock
La sonate oubliée de Christiana Moreau, Préludes
La téméraire de Marie Westphal, Stock
La tresse de Laetitia Colombani, GrassetLe coeur à l'aiguille de Claire Gondor, Buchet-Chastel
de Stéphanie Kalfon, Joëlle Losfeld
Maestro de Cécile Balavoine, Mercure de France
Maestro de Cécile Balavoine, Mercure de France
Marguerite de Jacky Durand, Carnets Nord
Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Le Nouvel Attila
Mon ciel et ma terre de Aure Attika, Fayard
Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet, Jean-Claude Lattès
Nous, les passeurs de Marie Barraud, Robert Laffont
Outre-mère de Dominique Costermans, Luce Wilquin
Presque ensemble de Marjorie Philibert, Jean-Claude Lattès
Principe de suspension de Vanessa Bamberger, Liana Levi
Les 68 m'ont donné envie de le lire, et j'ai beaucoup aimé aussi!
RépondreSupprimerJe crois que je suis un petit peu minoritaire... Mais ce n'est pas grave, ce n'est pas la première fois que j'ai un point de vue qui va à rebours de l'avis général. J'assume !
SupprimerBon, pas indispensable... par curiosité, je le prendrai peut-être à la bibliothèque.
RépondreSupprimerOui, sans lui courir après, si l'occasion de présente, pour quoi pas... Comme moi, quoi ;-)
SupprimerUn livre que je vais bientôt lire...après des avis très enthousiastes, arrivent maintenant des avis plus mitigés
RépondreSupprimerhâte de me faire mon propre avis :)
C'est encore ce qu'il y a de mieux, en effet.
SupprimerJe ne me sens pas très attirée par ce roman ; on verra plus tard à la bibliothèque .. peut-être.
RépondreSupprimerJe ne vais pas te pousser...
SupprimerIl est à la bibli, la bibliothécaire n'avait pas l'air enthousiasmée (bien sans plus), on verra!
RépondreSupprimerOui, c'est ça : bien sans plus. Il y a tant d'autres romans qui ne bénéficient pas d'un tel éclairage médiatique et qui mériteraient pourtant d'être lus...
SupprimerJ'en ai achevé la lecture cette semaine ; ça se lit bien, c'est sûr, mais bon, pour moi aussi ce fut sans plus (billet à rédiger).
SupprimerJe pense que l'attente suscitée par la surexposition médiatique est démesurée et finit par nuire à ce livre, du moins auprès de certains lecteurs.
SupprimerJe crois que je suis un peu reconnaissante à l'auteur de parvenir à faire simple tout en développant un propos qui mérite un large écho. L'émotion n'est pas absente et certes, ce n'est pas un chef-d'oeuvre d'un point de vue littéraire mais c'est un roman poignant, joliment troussé et d'une accessibilité bienvenue. Je comprends tout à fait les avis un peu tièdes qui sont aussi beaucoup liés à la sur médiatisation de ce roman qui n'en demandait pas tant. Mais je me dis que s'il touche de nombreux lecteurs, ce sera un moindre mal.
RépondreSupprimerIl est certain que la surexposition médiatique finit par être un peu irritante. Il y a tant d'autres romans qui mériteraient qu'on parle d'eux! Ceci étant dit, qu'un livre sur un tel sujet atteigne un large public est plutôt une bonne chose, je suis d'accord avec toi. Et puis si cela amène certaines personnes à lire (certains ne lisent que les succès de librairie), c'est tant mieux également !
SupprimerCe livre m'attire comme tant d'autres, je le lirai un jour mais je ne me précipite pas dessus.
RépondreSupprimerCe n'est pas moi qui te dirais le contraire ;-)
SupprimerL'auteur n'était pas inconnue : elle est actrice et réalisatrice (notamment d'un film qui m'a beaucoup marquée : "A la folie pas du tout", à vois absolument jusqu'au bout).
RépondreSupprimerIl n'est donc pas étonnant qu'elle ait bénéficié d'un bon battage médiatique. Par exemple, elle est publiée chez Grasset qui appartient au groupe Lagardère et, ô miracle, elle obtient le prix Relay (des voyageurs), très populaire qui appartient aussi au groupe Lagardère. Y a pas de secrets pour une bonne com Si en plus, c'est plein de bons sentiments et de féminisme, comment le livre pourrait-il faire un flop à l'entrée de l'été ??
Ça s'appelle un produit ou je me trompe complètement...
Du coup, je t'ai répondu sur FB. Je partage complètement ce que tu dis. Je tempérerais toutefois en disant qu'elle a sans doute bénéficié du savoir-faire d'une excellente éditrice. Ensuite, quand les intérêts bien compris des uns cadrent avec ceux des autres, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, effectivement !
SupprimerTellement d'accord avec toi Sandrine... Voila pourquoi je ne lirai pas La Tresse. Je râle dessus depuis sa sortie !
SupprimerSon passage à l'émission La Grande Librairie m'avait séduite mais au fur et à mesure de le voir partout, je m'en suis lassée. Ton avis conforte mon idée.
RépondreSupprimerBonne journée Delphine .
Ce livre ne mérite clairement pas cette surexposition dont il est l'objet. Je comprends ta lassitude. Si je n'avais pas eu l'occasion de le recevoir par l'intermédiaire des 68, je ne l'aurais certainement pas lu...
SupprimerBonne soirée !
Il y a huit jours, au Masque et la plume, tout le monde s'interrogeait sur le succès de ce livre, qui a tout l'air, en effet, d'un produit marketing... De tout façon ma plie d'été est pleine à craquer !
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas encore écouté... Mais je vais vraisemblablement partager leur avis.
SupprimerJe te fais tout à fait confiance pour trouver tout plein de passionnantes lectures ;-)
Tout le monde en parle de ce roman, un vrai phénomène (qui ne m'attire pas du tout cela dit).
RépondreSupprimerLe fait est que je ne saisis pas bien pourquoi tout le monde en parle...
SupprimerTrès bien, je ne le sentais pas pour moi, tu confirmes.
RépondreSupprimer:-)
SupprimerJe viens de le lire en quelques heures, j'ai trouvé ce roman simplet voire caricatural. Cette tresse est cousue de fil blanc. Tout est effleuré, traité comme ces reportages de 3 mn destinés à émouvoir avant tout. Jane C.
RépondreSupprimerBon, on n'est pas loin d'être d'accord, alors ?
SupprimerJ'ai aussi trouvé ça un peu caricatural malheureusement. Heureusement l'intention de l'auteur était quand même bonne !
RépondreSupprimerOui, mais cela ne suffit hélas pas à faire un bon roman...
SupprimerPerso j'ai adoré. le style était génial mais c'est peut-être parce que j'ai 12 ans. Si c'était trop littéraire j'aurais trouvé ça indigeste. J'aime quand c'est accessible et ma foi le roman se nomme "la tresse", une fois que le lien est fait, il n'y a plus de raisons de continuer l'histoire. Il n'y aura jamais vraiment de fin à l'histoire de toutes ses femmes, c'est juste un long combat encore.
RépondreSupprimerEcoute, ça me fait super plaisir d'accueillir ici une très jeune lectrice, et je peux très bien comprendre qu'il t'ait plu, comme à bien d'autres lecteurs d'ailleurs !
SupprimerC'est vrai que ce livre est d'un accès facile, ce qui est incontestablement une qualité, mais disons que personnellement, j'aime bien quand un auteur entre davantage dans la psychologie des personnages et qu'il reste plus près d'un certain réalisme. Tout paraît étonnamment bien se dérouler, finalement, pour ces femmes...
Mais je suis entièrement d'accord avec toi lorsque tu dis que le combat des femmes ne cessera jamais. Même dans un pays comme le nôtre, qui est loin d'être le pire en la matière, il y a encore beaucoup à faire...