mardi 11 mars 2014

Le réveil du coeur

François d’Epenoux

Anne Carrière, 2014

Prix des Maisons de la presse 2014

Une chronique familiale au café du commerce...


C’est alléchée par une critique dithyrambique de Gérard Collard que j’ai eu envie de lire ce roman. C’est aussi parce que par son sujet, il me rappelait un roman exceptionnel que j’ai lu à sa sortie, il y a une bonne quinzaine d’années, et dont je conserve aujourd’hui encore un souvenir ému : Le sourire étrusque de Jose-Luis Sampedro.
Mais c’est aussi ce qui me laissait craindre d’être déçue...
Après quelques hésitations, je me suis finalement laissé tenter. J’avais vraiment envie de voir ce que donnait cette histoire de rencontre entre un jeune enfant et son grand-père, séparés par un gouffre générationnel et une incompatibilité totale entre la bru et le-dit grand-père.

Evidemment, quand l’attente est très élevée, le challenge est difficile à relever...
Si j’ai lu ce roman en deux jours, ce n’est pas parce qu’il m’a captivée. Très facile à lire, il m’a néanmoins semblé très superficiel et cousu de fil blanc.
Les personnages sont caricaturaux à l’extrême. On devine dès le départ que ce vieil homme qui vit en reclus sans télé, sans portable et, bien sûr, sans ordinateur et sans Internet, finira par découvrir les bienfaits de la modernité pour retrouver la complicité qu’il a nouée le temps d’un été avec son petit-fils, qui lui a été confié bien à reculons par les parents.
Que dire du personnage de la mère, insupportable au possible, qui semble assez vite se désintéresser de son enfant, mais qui se montre prompte à porter des accusations odieuses contre son beau-père, parce que celui-ci avoue avoir invité le petit Malo, qui faisait des cauchemars à répétition, à venir se rendormir dans son propre lit. Comment encore croire à une mère qui se désole que son fils n’ait pas pu voir la télé durant quelques semaines et qui se rit de toutes les découvertes qu’il a pu faire au contact de son aïeul ?
Le père, quant à lui, est un être insipide, qui semble se laisser mener par les événements, sans jamais avoir prise dessus, qu’il s’agisse de sa vie professionnelle ou personnelle. C’est ainsi qu’un enfant lui est né, sans qu’il en ait le réel désir... et sans qu’il soit réellement amoureux de la mère, de laquelle il se séparera d’ailleurs assez vite.

Ajoutons à cela des propos de café du commerce à longueur de pages, à tel point que j’ai du mal à vous en sélectionner un extrait, tant il est vrai que je pourrais citer tout le livre; mais allons-y pour ce petit morceau de bravoure :
«Il me fait rire, le Vieux. De son temps, tout était plus net, on était pour, on était contre, avec ou sans Dieu, avec ou sans maître, on était soldat ou déserteur, d’un côté ou de l’autre d’un rideau de fer bien commode finalement. Aujourd’hui tout se dilue et tout s’agrège dans une pâte uniforme qui nous colle à la peau. On nous appris à avoir peur, à suivre, à nous montrer consensuel. Le monde est une ampoule suspendue dans le noir, avec sept milliards de mouches posées dessus. Demande-t-on à une mouche si elle est pour ou contre l’ampoule qui l’attire ? Non. Elle s’accroche et attend de mourir au contact de ce qui est, malgré tout, chaud et lumineux.»
Et voilà. Pardon d’avoir été un peu longue, mais cette citation vous épargnera peut-être d’en prendre pour 250 pages !

En conclusion, je ne saurais trop vous recommander la lecture du Sourire étrusque
cité plus haut qui, sur le thème de la difficulté à se détourner du passer pour regarder l’avenir, sur la transmission intergénérationnelle et sur la puissance de cet amour unique qui unit un grand-parent à son petit-enfant, est infiniment plus subtil, profond et émouvant.

3 commentaires:

  1. J'ai déjà noté Le sourire Etrusque grâce à toi ! Toujours pas acheté ni lu cependant...

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  2. je recommence mon commentaire .. et vous, les enfants laissez votre maman juste le temps qu'elle laisse passer mon commentaire!
    bon alors voilà c'est un livre qu ej'ai aimé et qui m'a fait sourire, je vis à Dinard et je connais bien les rapports grands-parents et petits enfants.
    Le portrait du vieux n'est pas du tout une charge , je connais des grands-pères comme ça!
    le personnage plus faible c'est Leila la maman .
    Je te disais dans mon premier commentaire qu'ici les gens appellent leurs petits des "chiccouf"
    Chic ils arrivent et ouf ils s'en vont.
    Mais ils oublient de dire que leurs murs sont couverts d e photos de leurs petits enfants et que la plupart de leurs conversations tournent autour des exploits de la jeune génération.
    J'ai adoré le "sourire étrusque" mais pourquoi comparer?
    l'un est Italien et raffiné comme un Italien, l'autre est Français et sarcastique comme un français.
    J'espère que cette fois mon commentaire apparaîtra
    Luocine

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  3. Merci d'avoir renvoyé ton commentaire, et désolée pour ce petit raté.
    J'adore cette expression de "chicouf", que je ne connaissais pas mais qui dit tellement bien les choses ! Je crois que ma mère ne la renierait pas : - ))
    Même s'il existe plus d'un nostalgique parmi les plus âgés d'entre nous, je maintiens quand même que le personnage du Grand paria me semble assez caricatural.
    Cependant, force m'est de reconnaître que je me sens assez seule dans ma critique : dans l'ensemble l'accueil est plutôt favorable...
    Quant à la comparaison avec Le sourire étrusque, elle s'est d'emblée imposée à moi et je garde une énorme tendresse pour ce roman.
    A bientôt

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