samedi 2 novembre 2024

Poupées roumaines

Marie Khazrai
Les Avrils, 2024


Une mère roumaine et un père iranien : voilà un bon départ pour un roman, de quoi entraîner le lecteur vers des horizons quelque peu dépaysants. D’ailleurs, Marie Khazrai ne s’en prive guère et ne perd pas son temps : à peine le lecteur a-t-il ouvert le roman qu’un voyage lui est promis.


Car la jeune femme qui livre son histoire entend retourner sur la terre qui a vu naître sa mère, et que celle-ci avait fuie pour la France afin d’offrir à sa fille une vie meilleure. Ainsi se retrouve-t-elle six jours durant aux côtés de sa grand mère, de sa tante et de sa mère - qui l’accompagne -dans un univers rural semblant dater d’un autre temps… Mais retourner là-bas, c’est faire remonter les douloureux souvenirs du communisme, faire face à une condition particulièrement violente à l’égard des femmes, et se confronter aux secrets soigneusement enfouis de cette lignée. 


C’est dans un surprenant univers que nous plonge Marie Khazrai, manière de gynécée qui s’était constitué autant pour se tenir à l’abri des hommes que des sévices du communisme. La narratrice force les portes et tente d’arracher les mots des bouches qui ne veulent pas s’ouvrir pour percer le mystère de ses origines. 


Mêlant contes et légendes des Carpates et saisissants instantanés de vie, l’auteure déploie une langue vive et heurtée pour dire l’amour qui, derrière leur apparente âpreté, unit ces femmes blessées. Si le propos n’a rien d’original (ce qui n’ôte rien à son intérêt), le style est quant à lui assez singulier. Avec ses chapitres courts, l’auteure va très vite, ne laissant guère à son lecteur le temps de reprendre son souffle. Elle parvient ainsi à restituer le sentiment d’urgence et la confusion dans lesquels évolue l’héroïne. Certes, on se sent parfois un peu désorienté. Mais n’est-ce pas aussi ce que l’on cherche lorsqu’on part pour d’autres cieux ? Ainsi l’immersion aura-t-elle été totale, et le voyage assez fascinant.

9 commentaires:

  1. Le thème est très attirant, je note tout de suite.

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  2. J'avais hésité puis finalement l'envie est passée... J'ai pris ma dose de Carpates avec Dracula, ça devrait aller ;-)

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  3. Ce que tu dis du fond et de la forme me plairait, je pense.

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  4. Je suis en train de lire La petite bonne chez le même éditeur, je trouve que les titres proposés par cette maison depuis la rentrée sont vraiment de qualité !

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    1. Pas que depuis la rentrée ! Déjà, il publie Didier Castino, ce qui est à mes yeux une excellente référence ;-) Et j'ai effectivement entendu grand bien du titre que tu cites.

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  5. Je note mais pour vraiment plus tard, pas tellement envie de ce genre qui tient du conte, en ce moment.

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