Abnousse Shalmani
Grasset, 2019
Un an tout juste après la sortie de son deuxième livre, je ne m’attendais pas à retrouver déjà la talentueuse Abnousse Shalmani. Passé l’effet de (très bonne) surprise, la découverte du titre de ce nouvel opus m’est en revanche apparu comme une évidence : si le mot n’était pas présent en tant que tel dans ses précédents ouvrages, la question de l’exil, la représentation de l’étranger, l’appropriation d’une langue et d’une culture nouvelles y occupaient quant à elles une place centrale. Et l’an dernier, lorsqu’elle présentait son roman Les exilés meurent aussi d’amour, ici même sur ce blog ou ailleurs, ce mot de « métèque » revenait constamment. Un mot qu’elle défendait avec passion et conviction, un mot qu’elle revendiquait et reprenait à son compte.
Aujourd’hui, elle nous revient donc avec cet Eloge du métèque, qui aurait tout aussi bien pu s’intituler Variations sur le métèque, puisque après en avoir placé la définition dans une perspective historique, elle essaye d’en circonscrire la figure à travers une galerie de personnages et à l’aide d’une série d’assertions qu’elle développe avec la flamme qu’on lui connaît.
Qu’il soit un tempérament, une ambition, une esthétique, une transgression, une sensualité, un malentendu ou une fiction, le métèque est cet individu déplacé, géographiquement ou socialement, cette figure de l’altérité qui s’interroge certes sur sa place et son identité, mais qui oblige aussi celui dont l’identité semble plus figée et plus installée à interroger à son tour son environnement et sa culture.
Le métèque est celui qui s’épanouit aussi dans cet espace indéterminé et qui sait jouir de cet inconfort. Il est celui qui vient rompre l’ordre, la monotonie et les habitudes, celui qui avec son regard décalé apporte poésie et humour.
Il est celui qui n’est pas entravé par des frontières, qu’elles soient physiques ou mentales, et qui peut donc expérimenter, métisser, porter son regard au-delà de sa condition.
Personnage historique ou héros de roman, peintre ou écrivain, historien ou metteur en scène, actrice ou simple kiosquier, le métèque est protéiforme, car il résulte au moins autant d’une disposition d’esprit que des aléas d’une vie. De sa fêlure originelle naissent une force et une vitalité que d’aucuns pourraient lui envier. C’est en tout cas ainsi que le voit et le conçoit la métèque Shalmani !
Ha je le lirais bien, j'avais aimé son premier, abandonné son deuxième (hé oui) mais on n'en restera pas là!
RépondreSupprimerCelui-ci est plus dans l'esprit du premier. Sans doute alors te convaincra-t-il plus.
SupprimerTu me donnes envie de découvrir cette auteure qui a des choses à dire, apparemment.
RépondreSupprimerAh oui ! Vraiment ! Et elle a un talent certain pour ce faire.
Supprimerje le lirais bien aussi, j'ai tellement "Les exilés meurent aussi d'amour"
RépondreSupprimerbon ma PAL pèsera encore un peu plus lourd :-)
Oui, mais ça en vaut la peine ;-)
SupprimerMoi, le mot "métèque" m'évoque évidemment la chanson de Georges Moustaki... Je trouve intéressant de remettre le mot au goût du jour alors que tout le monde regarde de plus en plus l'étranger avec suspicion... Je vais tâcher de lire ce livre.
RépondreSupprimerEvidemment ! Et si je ne mentionne pas cette célèbre chanson dans mon article, Abnousse la cite évidemment abondamment !
SupprimerVais peut-être me pencher sur la question... ;-)
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé aussi. Je la découvre via ce livre. Je viens de finir mon billet. Je rajoute le lien vers le tien.
RépondreSupprimerTu l'auras compris, je t'encourage vivement à lire ses précédents livres. Quant à moi, je cours te lire !
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