samedi 9 juin 2018

La B.O. de ma jeunesse

Alexis Ferro

Anne Carrière, 2018



J’ai un faible pour les romans d’apprentissage, les histoires évoquant le passage à l’âge adulte, les récits liés à l’adolescence. De par leur nature, ils ont une intensité dramatique qui me touche profondément. Mais ce sont des sujets périlleux qui peuvent vite sombrer dans l’excès et la caricature, comme vient encore de me le démontrer une récente lecture...

Aussi, lorsqu’il m’a été offert par son éditeur de lire ce premier roman dont je n’avais pas entendu parler, étais-je partagée entre enthousiasme et appréhension, enchantée néanmoins à l’idée d’effectuer avec son héros un retour dans les années 90...

Mathieu Delvaux est un adolescent sans histoire, au sein d’une famille plutôt ordinaire, composée d’un couple et de trois enfants. Seul signe distinctif, les parents sont des catholiques fervents, soucieux d’élever leur progéniture dans le respect des règles  imposées par leur foi.
Dans le cercle familial, l’expression des sentiments est totalement bannie. Entre non-dits et provocation, il ne semble y avoir de place pour une parole simple et apaisée. Peut-être est-ce ce qui a favorisé la grande complicité qui s’est nouée entre Mathieu et son frère aîné Laurent. Mais lorsque s’ouvre le roman, Laurent, qui vient d’avoir son bac, est parti étudier à Paris. Elève en classe prépa, il travaille comme un acharné et ne prend guère le temps de répondre aux longues lettres que lui adresse Mathieu, qui le vit douloureusement. N’ayant plus personne avec qui partager ses expériences, ses interrogations, ses émois, Mathieu est en proie au désarroi. Ses réactions semblent, y compris à ses propres yeux, parfois dénuées de sens, le sentiment d’abandon accentuant  les doutes et les oscillations propres à l’adolescence.
Pour trouver sa voie et construire son identité, il lui faudra s’extraire, comme son frère, du carcan familial. Mais il empruntera pour cela un chemin plus ouvertement contestataire, fait de la musique et du rock qui constitueront à jamais la bande son de sa jeunesse.

Alexis Ferro a trouvé le ton juste pour évoquer cette période si mouvante et émouvante de la vie. Il est parvenu à en retrouver les accents et les attitudes, ce qui m’a permis de le suivre non sans un brin de nostalgie dans ce voyage intime que nous avons tous un jour ou l’autre effectué.


8 commentaires:

  1. Oh pourquoi pas! J'aime aussi beaucoup les romans d'apprentissage !

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  2. Contrairement à toi, je ne suis pas attirée du tout par les romans d'apprentissage ; je passe ..

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    1. Ha ha ! C'est amusant de découvrir les deux commentaires en même temps !

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  3. Contrairement à toi, (et à Aifelle donc) ces romans d'apprentissage ne m'attirent pas en général... Il faut donc qu'ils soient sacrément bons pour arriver à me capter(ce qui arrive parfois)... Celui-ci n'a pas vraiment réussi même si ma bonne conscience de sélectionneuse m'a incitée à le terminer. Rien de bien nouveau sous le soleil.

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    1. Nouveau, peut-être pas, en effet. Mais une variation plutôt réussie, m'a-t-il semblé.

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  4. Un retour dans les années 90 ? Pourquoi pas, ça me rappellera forcément des souvenirs.

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    1. Et oui. C'est aussi ce que j'aime bien dans ces bouquins-là... :-)

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