Raphaël Jerusalmy
Actes Sud, 2018
Ça commence comme Le nom de la rose. Du moins dans le lointain souvenir que j’en ai. Et si vous êtes comme moi, cela ne doit pas manquer de vous émoustiller...
Nous sommes en 1485, dans la grande cathédrale de Saragosse, et l’inquisiteur de la ville est sauvagement assassiné. Une enquête est lancée par Torquemada lui-même pour découvrir les coupables et couper immédiatement cours à tout ce qui pourrait faire vaciller l’autorité de l’Eglise. Ici s’arrête pourtant la similitude (en dépit du titre, qui fait furieusement écho à celui du roman d’Umberto Eco), en raison du style et du format choisis. Là où l’Italien entraînait son lecteur dans une flamboyante enquête aux multiples rebondissements qui tenait son lecteur en haleine, Jerusalmy opte pour une forme d’épure, tout en retenue et en sobriété.
L’urgence à démasquer les coupables croît avec la publication de gravures caricaturant Torquemada, menaçant ainsi plus gravement encore le pouvoir qu’il prétend incarner. C’est pourquoi celui-ci fait appel à des «familiers», sortes de mercenaires vendant leurs services au plus offrant. Angel de la Cruz, noble déchu, au physique plus que rebutant, constamment flanqué d’un terrifiant molosse, est de ceux-là.
Lorsqu’il se rend chez Ménassé de Montesa, un «converso» - un juif converti - pour les besoins de son enquête, le contraste qu’il offre avec cette famille raffinée et cultivée, en particulier avec la gracieuse Léa, est plus que saisissant. Tout semble devoir les séparer.
Mais ils nourrissent une même passion pour le dessin et la gravure. L’un d’eux a-t-il à voir avec ces portraits satiriques qui se multiplient dans la ville ?
Jerusalmy met en place une intrigue subtile, qui révèle toute la portée subversive et contestataire de l’art. Mais le jeu peut se révéler dangereux. Les images ont un pouvoir d’une puissance insurpassable qu’il faut savoir manier, au risque d’en être soi-même victime. Certains, à l’aube de la Renaissance, n’hésiteront cependant pas à s’en emparer...
L'auteur vient dans ma librairie en février ; j'irai l'écouter.
RépondreSupprimerJe l'ai entendu dans une émission sur RFI et j'ai trouvé son écriture plus convaincante que sa parole...
SupprimerJ'hésite, du même auteur, j'ai vraiment beaucoup aimé Sauver Mozart, mais j'ai dû abandonner La confrérie des chasseurs de livres, particulièrement soporifique...
RépondreSupprimerJe ne sais trop quoi te dire, c'est mon premier.
SupprimerL'écriture est très élégante, l'intrigue est fine, le tout se lit très bien et très vite (le livre est bref). Maintenant, te dire que j'ai adoré serait excessif. Je suis restée un peu à l'extérieure. C'est un type d'écriture qui me touche peu : très maîtrisée, qui manque un peu de chaleur, mais sans aucune fausse note...
Je ne sais pas si je t'ai aidée ! :-)
Le sujet a l'air tentant maus j'avais été déçue par La confrérie des chasseurs de livres, qui avait pourtant tout pour me séduire mais s'était révélé bien plat...
RépondreSupprimerComme je le disais à Kathel, il écrit bien mais ça manque peut-être un peu de chair, pour moi.
SupprimerJe pense que j'attendrai son arrivée dans la médiathèque. En tout cas, le sujet est intéressant et j'adore cette couverture.
RépondreSupprimerJe suis certaine qu'il ne devrait guère tarder à arriver...
SupprimerLa couverture est magnifique et le résumé est tentant ! Mais je me rappelle que son titre précédent avait eu des échos mitigés... A la lecture de ton billet, j'hésite encore sur ce que tu as pensé de celui-ci d'ailleurs ^^
RépondreSupprimerHa ha ! Cela ne m'étonne pas ! En fait, je l'ai lu sans déplaisir, j'ai trouvé l'écriture de qualité, le texte bien ficelé, mais c'est vrai que je n'ai pas non plus été transportée par ce texte. Je me suis sentie comme à l'extérieur. D'où ta difficulté à saisir ce que j'en ai pensé... :-)
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