lundi 13 novembre 2017

Sigma

Julia Deck

Minuit, 2017



Alors, avouons-le sans détour, je suis passée complètement à côté de ce roman. 
Et pourtant, j’en attendais beaucoup. Recommandé par mon libraire, apprécié de Catherine dont je partage souvent les coups de cœur, ayant pour thème la place et le rôle de l’art dans la société, il semblait tout avoir pour me convaincre.

Si l’on considère que l’art a le pouvoir de pousser les individus à s’interroger, à remettre en question le monde qui les entoure, voire de faire passer des idées subversives, alors les productions artistiques doivent être étroitement contrôlées pour assurer la pérennité de l’ordre social. Tel est bien le rôle que s’est attribué Sigma, une organisation secrète internationale capable d’envoyer des agents auprès de n’importe quel acteur culturel en n’importe quel point du globe. 
Or, une toile que l’on croyait disparue d’un peintre dont l’influence est jugée comme hautement néfaste vient de refaire surface en Suisse... Tout doit donc être mis en œuvre pour la neutraliser au plus vite. Celle-ci ayant été retrouvée dans des conditions quelque peu limites par un banquier en cours de divorce avec une galeriste en quête d’aubaine pour relancer son activité, la partie ne va pas se révéler aisée...  

Si le point de départ de cette fable était plutôt séduisant, j’ai trouvé à l’arrivée que le récit manquait singulièrement de subtilité. On voit l’organisation tirer toutes les ficelles, considérant les individus comme des marionnettes, favorisant en sous-main les conditions propres à orienter leurs choix, non seulement artistiques, mais jusque dans leur vie privée. Ainsi les vedettes de cinéma sont-elles par exemple incitées à s’afficher en couple, « dans le respect de la structure familiale élémentaire (...) afin d’encourager le public à suivre leur exemple»... Certes, on peut appuyer le trait, mais il arrive un moment où ça devient un peu lourd.

Si l’on ajoute à cela un style que j’ai trouvé assez plat, avec des phrases interrompues censées sans doute imiter les hésitations et les pauses de la conversation, on obtient un livre qui, je le crains, ne passera pas à la postérité...


Je vous renvoie donc au billet de Catherine, qui s'est beaucoup plus amusée que moi à la lecture de ce roman.

22 commentaires:

  1. Je n'ai jamais lu cette auteure ; ton billet ne me donne pas très envie de sauter sur ses romans ;-)

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  2. Bon ben...Sur ce livre, je crois qu'on va suivre vos impressions ! Merci

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    1. Après, vous pouvez aussi lire les impressions de Catherine, que j'ai mises en lien, pour équilibrer le propos... Mais il est certain que d'autres livres me semblent infiniment plus précieux à lire.

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  3. Ah ! Mince alors... C'est ce que j'ai aimé, moi, le côté marionnettes dont on tire les fils, et ça reflète bien la société moderne, je trouve : on est tous manipulés sans s'en rendre compte, et il est bien difficile de se révolter. On n'a même pas besoin d'une organisation secrète, ceux qui nous manipulent le font savoir haut et fort. Le seul défaut du roman, à mon sens, c'est de pas montrer clairement à quel point l'art et la culture ouvrent les esprits...

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    1. Là, je suis d'accord avec toi, pas besoin d'organisation. Le corps social dans ses composantes les plus dominantes contrôle parfaitement les choses. Du coup, j'ai trouvé que le caractère un peu grossier de l'approche desservait un peu le propos...
      Par ailleurs, je suis assez d'accord avec toi sur le dernier point que tu soulignes.
      Et le style ? Qu'en as-tu pensé ?

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    2. Dans la mesure où ce ne sont censés être que des "rapports", je n'ai pas été choquée par le style. J'ai été très sensible à l'ironie un peu voilée et une sorte de discours sous le discours : l'assistant qui se plaint de ne pas être assez considéré par son boss (ce dont Sigma se fout) ou celui qui fait des commentaires désobligeants sur le sien, ça montre un regard critique sur une situation où il ne devrait pas y en avoir, ces espions devraient se comporter sans émotions ni sentiments, mais n'y arrivent pas. J'y vois quelque chose d'optimiste sur la nature humaine...

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    3. Tu as vraiment fait une lecture fouillée ! Je suis quant en moi sans doute restée trop en dehors de ce récit pour y avoir perçu tout ce que tu relèves...
      Et sur l'écriture, je ne peux pas te donner tort. Néanmoins, je trouve ça un peu assommant sur tout un roman :-)

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  4. Je n'ai jamais trouvé mon compte chez cet éditeur (de Darrieussecq à Mauvignier) donc je vais passer sans regret, surtout vu ce que tu en dis.

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    1. Eh bien ça, alors ! Pourquoi ne suis-je donc pas surprise ?!!!
      ;-)

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    2. Darrieussecq, c'est chez P.O.L., Jérôme : rendons à César ce qui appartient à César et n'accusons pas Minuit de toutes les turpitudes de la littérature contemporaine :-)

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    3. Mais oui, tu as raison ! Heureusement que tu veilles au grain :-)

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  5. Archi déçue par ton billet ! La c'est la douche froide !!! J'en attendais beaucoup !
    (J'adore l'échange papillon//Jérome sur les catastrophes éditoriales contemporaines)

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    1. Le chaud et le froid... A nous deux, Catherine et moi formons le yin et le yang, l'équilibre parfait ;-)

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  6. Je n'étais pas (ou pas encore) trop tentée par ce roman, et il se trouve que j'ai beaucoup trop de lectures qui m'attendent... Je connais l'auteur par Viviane Elisabeth Fauville qui ne m'avait pas fait trop forte impression...

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  7. je te fais confiance et je passe alors !

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  8. J'ai un problème avec les couvertures de cette maison d'édition...
    Bref, dommage que ce roman ne t'ait pas davantage plus. La plume risque de me gêner, malgré un thème plutôt séduisant c'est vrai.

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    1. Les couv ne varient pas beaucoup, c'est sûr... En même temps, c'est le même principe que La Blanche de Gallimard...

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  9. Bon, je m'aperçois que tu es encore plus déçue que je ne l'ai été...
    Mais son autre roman Viviane Elisabeth Fauville est quand même à découvrir, si tu as le temps...

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