François-Guillaume Lorrain
Grasset, 2011
Avec ce roman personnel et fort, l'auteur nous ramène aux heures sombres de la Collaboration.
Et bien, c’est confirmé : François-Guillaume Lorrain est un auteur à suivre !
Après l’immense plaisir que j’ai pris à lire L’année des volcans, j’ai voulu voir ce que donnait son précédent livre, et je n’ai pas été déçue. Même si, j’en conviens, la mise en place est un tout petit peu longue, la construction est impeccable et on se laisse finalement happer par cette intrigue parfaitement maîtrisée et par ce récit déchirant.
Comme dans L’année des volcans, François-Guillaume Lorrain ancrait déjà son roman dans un contexte historique et dans un lieu très précis : Lyon, juste avant la Libération. En revanche, mis à part quelques personnages secondaires, tels Jean Moulin ou certains dignitaires nazis qui apparaissent çà et là, les héros de ce roman sont fictifs - sauf à ce qu’il s’agisse d’un roman inspiré d’éléments à caractère autobiographique, ce que j’ignore ; mais, même s’il en est ainsi, il ne s’agit en tout cas pas de personnalités publiques.
Pour parler de cette époque trouble qui soulève aujourd’hui encore polémiques et passions, Lorrain imagine une intrigue dont on suit le déroulement comme une véritable enquête policière.
Le narrateur, un homme de trente-huit ans, se voit remettre par sa mère un lot de photos et de lettres de son père, décédé plusieurs années auparavant. Cherchant à percer le secret caché derrière ces documents, comme les pièces éparses d’un puzzle qu’il faudrait reconstituer, l’homme retourne sur les lieux où son père a passé son enfance et parvient à retrouver des gens qui l’ont connu. Peu à peu se dessine la personnalité de ce père resté si longtemps énigmatique, attentionné mais aux réactions souvent brutales et inattendues.
Non sans nous entraîner d’abord sur quelques fausses pistes, l’auteur finit par nous révéler la nature du lourd secret que cet homme dut porter toute sa vie, qui trouve sa source dans le contexte dramatique de la Seconde Guerre mondiale et de la Collaboration, et qui pesa sur le destin de sa famille. Fort de cet éclairage nouveau jeté sur l’existence de son père, le narrateur parvient enfin à comprendre cet homme qui lui parut si souvent distant et étranger.
Dénué de pathos, rédigé avec une certaine économie de moyens, à l’aide de phrases courtes, ce roman vif est néanmoins chargé d’émotion.
Qu’il relate des événements sombres ou rocambolesques, François-Guillaume Lorrain sait décidément toucher son lecteur !
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