Jean-Philippe Blondel
L’Iconoclaste, 2025
Jean-Philippe Blondel écrit comme on parle. Attention, je dis bien « comme on parle », pas « comme il parle ». Je veux dire par là que ses personnages possèdent le même langage que nous et partagent des expériences comparables aux nôtres. A peine a-t-on ouvert l’un de ses romans que l’on est projeté dans leur intimité. On a l’impression de les connaître. Ou de les reconnaître, comme de vieux amis qu’on aurait perdu de vue et qui auraient un peu changé, mais pas tant que ça, dans le fond.
Un été 79 ne fait pas exception. Ainsi pénétrons-nous chez Andrée, Michel et leurs deux fils Pascal et Philippe à la veille de leur départ en vacances, en ce dernier été de la décennie disco. Une décennie où tout semblait léger, facile et pétillant, à l’image des chansons rythmées et festives alors omniprésentes qui invitaient à faire fi du quotidien pour danser jusqu’au bout de la nuit. Cet été-là pourrait être semblable aux autres, mais quelque chose va se jouer pour chacun des membres de cette famille, quelque chose de banal qui va peut-être tout faire basculer - le père qui se voit proposer une mutation ou le fils aîné qui se sépare de sa petite amie. Et puis il y a le choix de cette destination de vacances inédite. Oh, rien d’exceptionnel ! Un simple VVF de montagne. Ça n’a l’air de rien, comme ça, un village-vacances, mais ça permet d’être totalement affranchi(e) des activités domestiques, de se rapprocher fugacement de personnes qui sortiront de nos vies aussi vite qu’elles y sont entrées et de laisser libre cours à sa personnalité.
Cet été 79, c’est la fin d’une époque, c’est aussi le temps des remises en question. Andrée doit-elle continuer à vivre avec un mari qu’elle ne supporte plus ? Les deux frères qui entretiennent des relations conflictuelles vont-ils se rapprocher ? Et les beaux-parents dans tout ça ? Les liens familiaux sont décidément une bien étrange affaire : résistent-ils aux épreuves, à la frustration, aux rancoeurs, voire aux trahisons ? Ou sont-ils solubles dans l’existence ? Cette question, qui nous concerne tous d’une manière ou d’une autre, Jean-Philippe Blondel l’aborde ici avec délicatesse et lucidité. Il y ajoute une discrète touche de nostalgie - teintée d’ironie - qui ne déplaira pas à ceux qui se souviennent des années 70.
On peut compter sur Jean-Philippe Blondel pour faire revivre une époque, comme si on y était... N'étant pas trop adepte de la nostalgie, à chacun de ses romans, je remarque que j'aime bien, mais sans trop d'enthousiasme.
RépondreSupprimerC'est une nostalgie "critique" : teintée d'humour. Rien à voir avec le "c'était mieux avant" ;-)
SupprimerJ'aime beaucoup cet auteur que je n'ai plus lu depuis un moment. Je suis née fin des années 70, ça me parlera moins? Bah, j'en doute :) J'aimerais le lire en tous cas !
RépondreSupprimerCela te parlera, j'en suis sûre. Comme je le dis dans mon billet, le côté souvenir, c'est la cerise sur le gâteau. Mais dans le fond, Blondel parle des relations humaines, intrafamiliales. Et ça, c'est de toutes les époques !
SupprimerJe n'ai pas tellement aimé les années 80 et encore moins les 90. Je n'ai pas trop envie de lire dessus.
RépondreSupprimerLà, on est encore dans les années 70 ;-) Mais bon, je ne suis pas sûre que cela suffise à te convaincre de le lire...
SupprimerUn auteur que j'apprécie. Je me dis pourquoi pas.
RépondreSupprimerC'est parti !
SupprimerJ'ai lu La grande escapade que j'ai trouvé touchant et effectivement plein d'échos (c'est générationnel sans doute) mais ça semble être toujours un peu la même veine, non ?
RépondreSupprimerIl est certain que c'est un auteur dont on reconnaît tout de suite la patte. Je l'ai très récemment entendu à l'occasion d'une rencontre en librairie, et il mettait l'accent sur l'intérêt qu'il porte aux personnages. Ce sont eux qui sont au coeur de son dispositif d'écriture et, comme il y a toujours, de son propre aveu, une dimension ou une inspiration autobiographique, forcément il y a un fil rouge entre ses différents livres. Pour autant, ils ont chacun une singularité, et il en est certains que je préfère nettement à d'autres. Celui-ci en fait partie !
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