Elisa Bories
Editions de l’Ogre, 2025
Une belle couv présentant un détail de la sublime Judith du Caravage, une typo éloquente façon graffiti, un texte de quatrième évoquant une jeune femme en révolte contre le monde de l’entreprise, il n’en fallait pas davantage pour retenir mon attention - vous me direz ça fait déjà pas mal !
Et ça démarre au quart de tour : la violence exercée par les pratiques managériales éxsude de ce texte, l’aversion viscérale du personnage d’Agathe à l’égard de son environnement professionnel s’exprime dans un style vif et pétri de rage.
Ici, les couleurs défilent à mesure que l’on s’engouffre. Je hais cet endroit. Mes yeux glissent sur les pans de mur, et j’imagine mes tortionnaires réunis autour d’un expert en colorimétrie, étudiant avec des mines affectées quelle pourrait être la teinte du nuancier managérial la plus à même de piétiner nos désirs.
Très vite, Agathe va se révéler incapable de contenir le sentiment de révolte qui la consume. Explosion de dégoût et déchaînement de violence précèdent une errance hallucinée dans une ville guère plus accueillante que son environnement professionnel…
Et c’est précisément là que l’auteure m’a perdue… Agathe est un concentré de fureur qui mitraille tout - et en premier lieu la domination masculine. Ce qui en soit susciterait plutôt mon adhésion. Mais en ce qui me concerne, quand la lutte contre le patriarcat se mue en un discours misandre empreint d’une sororité érigée en nouveau dogme, je deviens sceptique. Et là, ça vire carrément au délire grand-guignolesque. Les fantasmagories succèdent aux scènes d’un baroque échevelé qui ne servent à mon sens que très médiocrement les luttes féministes. Sauf à vouloir résolument dresser les unes contre les autres.
J’imagine qu’il y a quelque chose comme un fossé - un abîme ? - générationnel entre cette trentenaire et moi. C’est précisément ce qui m’a paru intéressant dans cette lecture - qui m’a profondément rebutée : tenter d’appréhender cette distance et essayer de saisir une part de l’esprit du temps. Si ça peut m’aider à ne pas perdre complètement pied avec un monde qui tend à m’apparaître de plus en plus étranger à mes propres repères, je n’aurai pas complètement perdu mon temps…
Tu es tout de même allée au bout de ta lecture.
RépondreSupprimerLe livre est très court. En deux heures c'est plié ;-)
Supprimerouh là... pas du tout ma came, et tant pis si je laisse le fossé se creuser avec l'esprit du temps ;-)
RépondreSupprimer:-D Pas sûre, de toute façon, d'éviter l'élargissement du fossé, même avec cette lecture !
SupprimerJe te confirme : le fossé se creusera encore ;-) J'aime bien aussi essayer de comprendre les générations plus jeunes mais les outrances poussés au maximum m'énervent. C'est contre-productif. Je ne pense pas que ce livre me plairait.
RépondreSupprimerJe ne le pense pas non plus ;-)
SupprimerTrès belle couverture, en effet. Pour le reste, je ne suis pas tentée.
RépondreSupprimerComment pourrais-je te le reprocher ? ;-)
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