Olivier Rolin
Verdier, 2025
Olivier Rolin est un grand voyageur. De ses multiples explorations il a tiré des textes inspirés, où ses observations tantôt émerveillées tantôt implacables côtoient un imaginaire nourri de références littéraires. A plus de soixante-dix ans, il n’a pas renoncé à partir à la découverte de contrées lointaines. Ainsi, en 2022, en remerciement d’une préface écrite pour l'édition d’un texte de Thucydide publié par les éditions de l’Ecole de guerre, fut-il invité à embarquer sur un bâtiment militaire à destination du canal du Mozambique.
Malgré tout, l’âge est là. Pas tant celui de ses articulations ou de ses artères - qui limite cependant ses mouvements - mais celui qu’il perçoit dans l’oeil de l’équipage. La plupart des membres qui le constituent pourraient être ses petits-enfants. D’emblée une forme de déférence teintée d’une pointe de goguenardise instaure une distance entre eux et lui. Pour la première fois peut-être, il se voit comme « un vieux », et ce voyage, songe-t-il, semble devoir le conduire non pas vers l’océan Indien, mais vers la mer de la Sénilité…
Si l’art de faire surgir toute une faune, de restituer une
ambiance, de nous donner à voir la singularité des paysages qu’il traverse est bien
là, ce texte possède avant tout un caractère intime qui le rend attachant. En
dépit des notes d’humour que Rolin s’efforce de mettre dans ces pages, il y a
quelque chose d’émouvant à voir un homme confronté au regard qui est porté sur
lui, un regard dans lequel il peine à se reconnaître. Et cela nous touche
peut-être d’autant plus que c’est celui auquel chacun d’entre nous risque bien,
tôt ou tard, d’avoir à faire face…
Je me doutais que tu parlerais rapidement de ce livre, j'attendais ton avis. Ah le regard des autres sur soi quand nous vieillissons ; j'ai les deux pieds dedans et c'est assez bizarre comme effet. J'aurais donc déjà une bonne raison de le lire, ça m'intéresse son ressenti.
RépondreSupprimer