Renaud Czarnes
Héliopoles, 2024
Ah, le monde du travail… Que de pages ont été produites et continuent de l’être sur le sujet ! Son organisation, son langage, la pression qu’il exerce, la violence qu’il engendre… Beaucoup d’essais et de documents, un peu de fiction - mais rarement sous un angle humoristique. En lisant L’épaisseur du trait, on rit souvent… jaune. Il faut dire que l’auteur, qui a exercé pas mal de fonctions à hautes responsabilités, dans pas mal d’univers différents, en connaît sans doute un rayon sur la question. La novlangue managériale et la gouvernance actionnariale n’ont aucun secret pour lui…
A 44 ans, Marceau, ancien journaliste devenu cadre sup dans une grosse agence de comm d’envergure internationale, est arrivé à l’heure du bilan : quel sens donner à son travail ? Quelle valeur accorder à ce qu’il produit lorsqu’il ne s’agit que de flatter l’égo d’un client pour justifier une facture outrageusement gonflée ? Et comment avoir une quelconque estime pour une hiérarchie dont le cynisme n’a d’égal que l’indécence de sa rémunération ? Peut-être serait-il temps de prendre la vie autrement et d’opérer un virage à 180 degrés - surtout si un « plan de départs volontaires » se faisait jour…
L’auteur épingle les multinationales et leurs méthodes managériales avec une gourmandise que l’on devine nourrie par des années de couleuvres avalées. Ceux qui travaillent dans ce type d’environnement trouveront peut-être le reflet du miroir tendu par cette satire presque trop cru. Mais elle a le mérite de mettre les points sur les i et, franchement, ça ne peut pas faire de mal !