Olivier Rolin
Paulsen, 2017
Voyagez en train à travers la Russie avec Olivier Rolin pour guide. Une expérience unique !
Si vous passez régulièrement par ici, vous savez sans doute qu’il existe un écrivain dont je ne raterais pour rien au monde les nouvelles publications. Cet écrivain est doué d’une plume si exceptionnelle qu’il pourrait écrire sur n’importe quel sujet, je me jetterais à corps perdu dans ses textes. Qu’il ait le projet démesuré de donner à voir le monde entier ou celui, au contraire, de décrire de simples objets du quotidien, qu’il imagine une troublante figure féminine au charme incandescent ou qu’il évoque l’un des pans les plus noirs de l’histoire contemporaine à travers le destin d’un homme qui crut servir l’idéal socialiste, Rolin passe d’un registre à l’autre avec un égal bonheur.
Il nous revient cette fois avec un genre qui lui est familier, celui du récit de voyage. A nouveau, il retourne sur ces terres inhospitalières que sont les confins de la Russie, un espace dénué de limites qu’il explore sans relâche depuis de nombreuses années. Pourquoi ? Sans doute parce que la Sibérie reste un mystère, que l’écrivain ne cesse d’essayer d’approcher. Faire l’expérience de l’immensité, cette dimension presque inconcevable pour l’esprit humain. Percevoir ce moment où l’Europe et l’Asie se rencontrent et se confondent. Et surtout, retrouver les traces, tangibles ou plus impalpables, des atrocités qui y furent commises pour se convaincre que le pire, auquel l’esprit se refuserait sans cela à croire, est en effet advenu.
Rolin est un passeur. Jamais il ne décrit platement ce qu’il voit. Tout au long des cinq mille kilomètres en train qui le mènent de Krasnoïarsk à Vanino, où il embarque pour l’île de Sakhaline, ce qu’il observe se mêle à la connaissance qu’il en a déjà par les récits d’auteurs qui l’ont précédé. Avant même de marcher en ces lieux, il les avait en effet découverts et imaginés, à l’égal de tout autre lecteur, à travers les œuvres de Tchékhov, Grossman, Borges ou encore Hugo Pratt. Ce qu’il offre à notre regard acquiert ainsi une fascinante profondeur et nous invite à une forme de complicité, pour peu que l’on partage certaines de ses références.
Rolin convoque également l’Histoire, dont il décèle partout les empreintes. Un motif architectural, la déréliction d’un bâtiment, la persistance d’une langue ou la surprenante présence d’un commerce sont autant d’indices permettant de comprendre les lieux qui l’entourent.
Pour autant, ses récits ne manquent pas de vie. Rolin évoque également ses rencontres avec des personnages souvent ordinaires, mais qui portent en eux une part des régions qu’ils habitent et dont ils contribuent en retour à forger la singularité, et parfois le charme.
Individus, paysages, réalisations et activités humaines, tout participe à la découverte de chaque endroit traversé.
Avec Rolin, le monde est un ensemble de signes que chacun déchiffre à l’aide de ses propres connaissances, souvenirs, expériences et surtout de ses réminiscences littéraires. Le monde est un grand livre que chacun peut lire à sa guise et, à l’occasion, lorsqu’on a le talent de cet écrivain, continuer à façonner de ses propres mots pour l’offrir à ses congénères. Le monde et la littérature se mêlent ainsi intimement. Voilà pourquoi ces textes me touchent tant et me sont si chers.
Je n'ai toujours pas lu cet auteur mais ça me titille... Tu me conseilles quel titre pour commencer ?
RépondreSupprimerL'invention du monde est pour moi le plus grand livre, mais peut-être pas le plus facile. Le météorologue est excellent et très représentatif de son travail. Et Jérôme avait beaucoup aimé Veracruz, si je me souviens bien ;-)
Supprimermoi aussi je n'ai jamais lu cet auteur, et j'allais te poser la même question que Noukette :) du coup je note ta réponse !
SupprimerMais c'est incroyable ! Moi qui croyais que le monde entier avait lu celui que je considère comme l'un des plus grands écrivains contemporains ! ;-)
SupprimerPareil que Noukette ; je suis très tentée par celui d'aujourd'hui et aussi par "le météorologue".
RépondreSupprimerJe pense qu'en effet tu pourrais apprécier ce récit de voyage, Aifelle. Mais Le météorologue est aussi une excellente porte d'entrée à l'oeuvre de Rolin.
SupprimerJamais lu, mais je lis tes conseils dans les réponses précédentes
RépondreSupprimerJe n'ai rien à ajouter, donc, ça roule !
Supprimerallez hop dans ma Pal !
RépondreSupprimerEt allez hop !
Supprimer;-)
bien sûr on ne peut passer à côté d'Olivier Rolin et je pense que son dernier opus est à lire ce que je vais faire
RépondreSupprimerNon, on ne peut pas, en effet. Moi, en tout cas, je ne peux pas et je suis ravie de constater qu'il en va de même pour toi !
SupprimerC'est grâce à toi que j'ai découvert Rolin avec "Veracruz" : je te fais confiance en ce qui le concerne maintenant !
RépondreSupprimer:-))
SupprimerQuand je vois un livre d'Olivier Rolin, je pense à toi ! Je suis moins fan que toi, mais j'ai adoré Le météorologue et Bakou, derniers jours !
RépondreSupprimerHa ha ! Quel extraordinaire phénomène !Il me ravit !
SupprimerBon je vois que je ne suis pas la seule à avoir encore cette plume à découvrir (ouf ! ça me rassure) ; comme je te l'ai dit hier, je m'y intéresse dès que possible... :-)
RépondreSupprimerJ'ai hâte que tu le découvres, vraiment. J'adorerais pouvoir en parler avec toi.
SupprimerTout comme Nicole G. , je suis rassurée de constater que je ne suis pas la seule à ne pas encore avoir lu ce fameux Rolin!
RépondreSupprimerJe prends note de tes conseils.
Mais oui ! Il me reste encore tout plein de lecteurs à convertir ;-)
SupprimerEncore un auteur à découvrir.
RépondreSupprimerOh que oui !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé son dernier (grâce à tes conseils), je suis donc partant les yeux fermés pour le retrouver.
RépondreSupprimer:-))
SupprimerEvidemment, tu t'en doutes, Rolin se livre là à un exercice très différent. C'est une tout autre ambiance et un texte d'une tout autre nature.
L'écriture et la profondeur du propos, elles, sont toujours là. J'espère qu'il te séduiras autant que Veracruz.
J'avais repéré ce livre en librairie, moi qui suis une grande fan du Transsibérien et du lac Baïkal. Ce que tu dis de l'auteur achève de me convaincre !
RépondreSupprimerTu devrais te régaler !
SupprimerBonne lecture... et bon voyage !
Il me fait vraiment de l'oeil ! Et encore plus après t'avoir lue !
RépondreSupprimerAh, tant mieux ! J'espère qu'il te plaira !
SupprimerAh, je ne l'ai même pas repéré à la librairie ! Merci pour cette suggestion : comme je lis moins cette année, autant que je lise du bon !
RépondreSupprimerCela ne m'étonne pas. Comme ce n'est pas un roman, il n'est pas sur le devant des tables des libraires... Et tu as tout à fait raison dans ta démarche ! Avec Rolin, tu es sûre de ne pas te tromper ;-)
SupprimerMe revoici enfin...Bon, j'ai fini par le lire et je dois dire que je suis passée à côté de cette lecture. Pourtant, j'ai relu ton billet et tout ce que tu en dis est tout à fait exact. Mais j'ai mis un temps fou pour le lire par manque de temps et sans doute par manque d'intérêt. J'avoue que la densité des noms de lieux, souvent difficiles à prononcer, m'a fortement lassée. Mais en même temps, c'est un peu normal de trouver des noms de lieux dans un récit de voyage !
SupprimerBon, ça ne m'empêchera pas de lire le prochain Rolin !
Je ne te cache pas que je suis un peu déçue... Mais c'est la loi du genre ! Et il faut dire que je suis complètement accro à cet auteur :-)
SupprimerMais ça me fait plaisir que tu l'aies lu et que tu sois revenue me dire ce que tu en avais pensé.
Je me doutais bien que tu te jetterais sur ce bouquin ;-) Et je ne vais pas tarder à en faire autant, d'autant que j'ai traversé la Russie en transsibérien en 2012 et que j'espère que ça me rappellera de bons souvenirs !
RépondreSupprimerOh, voilà qui va être intéressant !
SupprimerEt quelle chance, cela a dû être exceptionnel ! J'ai hâte que tu nous parles de tout ça !