vendredi 31 décembre 2021

Je lis donc je suis 2021


Comme chaque fin d'année, voici venu le délicieux moment

de faire notre portrait à travers les lectures que nous avons faites. 

Voici donc mon visage de 2021.






Décris-toi... 

La femme moderne selon Manet


Comment te sens-tu ?

Poussière dans le vent


Décris où tu vis actuellement…

Arène 


Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu ? 

Là où nous dansions 


Ton moyen de transport préféré ?

L’homme qui marche 


Ton/ta meilleur(e) ami(e) est…

Le piéton de Naples 


Toi et tes amis vous êtes…

 Les orageuses


Comment est le temps ?

Blizzard


Quel est ton moment préféré de la journée ?

Vingt ans plus tard  


Qu’est la vie pour toi ?

Un tesson d’éternité


Ta peur ?

L’origine du mal


Quel est le conseil que tu as à donner ?

 Danse avec la foudre


La pensée du jour…

Ce qu’il nous faut de remords et d’espérance 


Comment aimerais-tu mourir ?

Over the rainbow 


Les conditions actuelles de ton âme ?

 Au moins le souvenir


Ton rêve ?

Tout ce qui est beau



Et vous, à quoi ressemble votre portrait en 2021 ?

mardi 28 décembre 2021

La maîtresse du peintre


Simone van der Vlugt
10-18 (Première édition : Philippe Rey, 2020)



Traduit du néerlandais par  Guillaume Deneufbourg




S’il n’y avait eu ce superbe portrait signé Rembrandt en couverture, je n’aurais probablement jamais prêté attention à ce roman au titre évocateur de bluettes à la Danielle Steel (sans vouloir offenser personne). Un titre à l’image du texte : d’un redoutable académisme. Il aurait pourtant été dommage de passer à côté, tant le sujet du livre est intéressant et la principale protagoniste campée avec conviction. 

Mais de qui s’agit-il au juste ? Qui est cette Geertje Dircx, oubliée et ignorée de tous, y compris de la plupart des spécialistes de Rembrandt ?


Saskia, l’épouse légitime morte prématurément et représentée dans de nombreux tableaux est quant à elle bien connue. De même que Hendrickje, la concubine avec laquelle le peintre hollandais finit ses jours. Mais entre les deux, il y eut une autre femme, qui reste beaucoup plus énigmatique… Simone van der Vlugt a voulu enquêter, a consulté les archives, s’est largement documentée pour cerner la personnalité de cette femme et essayer de comprendre pourquoi elle avait été ainsi évincée de l’histoire officielle du peintre. 


Geertje, que l’auteure nous présente plutôt bien faite de sa personne, futée et dégourdie, avait été recrutée par Rembrandt au moment de la mort de Saskia pour s’occuper de leur jeune fils Titus. Mais la nourrice tomba rapidement sous le charme du maître, qui succomba à son tour. Leur liaison d’abord tenue secrète finit par être connue de tous, provoquant le scandale… ce dont Rembrandt n’avait cure, son anticonformisme s’accommodant très bien d’une situation à laquelle son aisance financière et sa célébrité faisaient rempart. Une position évidemment beaucoup plus inconfortable pour une femme humble, sans fortune ni appui… Et surtout, soumise à la plus grande précarité. Car le jour où Rembrandt tombe amoureux d’une autre femme, Geertje doit user de tous les moyens pour ne pas sombrer dans le plus complet dénuement…


En retraçant l’histoire de cette femme, c’est à la fois un portrait en creux de l’artiste mondialement célébré que nous offre l’auteure, mais aussi une captivante plongée dans la société hollandaise du XVIIe siècle. Elle nous compte aussi l’éternelle histoire de l’état de dépendance imposée aux femmes par les hommes.

Si l’anticonformisme de Rembrandt nous le rend d’abord sympathique, son égocentrisme finit par prendre le pas. On découvre un être préoccupé de ses seuls sentiments, sûr de son génie artistique et prêt à commettre l’infamie lorsqu’il s’agit de préserver ses intérêts. Est-ce pour cela que les gardiens de la postérité du peintre ont préféré effacer la figure quelque peu embarrassante de Geertje ? C’est ce que suggère Simone van der Vlugt, et son récit autant que le dossier qu’elle présente en annexe sont de nature à nous en convaincre. Mais cela est-il si surprenant ? Finalement, il s’agit d’une histoire tristement banale. Une de plus.