Sophie Brocas
Mialet-Barrault, 2025
Novembre 1924. La colère gronde parmi les ouvrières de la conserverie de sardines de Douarnenez. Alors qu’elles sont corvéables à merci, tributaires de l’arrivée au port des bateaux de pêche, soumises à des cadences strictement réglementées, elles réclament l’augmentation de leur tarif horaire à 1 franc. Emmenées par Louise, républicaine convaincue, elles entament un mouvement de grève.
En dépit de ses valeurs conservatrices, Rose admire l’audace et la force de conviction de Louise. Cette jeune paysanne qui a été contrainte de venir travailler en ville après la mort récente de sa mère ne tarde pas à rejoindre les rangs des grévistes. Et s’installe à demeure chez celle qui est devenue son amie, afin que son père ne devine rien de ses activités.
A la faveur de cette nouvelle intimité partagée, le lien de solidarité - de sororité, dirions-nous aujourd’hui - qui les unit glisse rapidement vers un sentiment d’une autre nature, qu’il convient, dans cette Bretagne pieuse et traditionnelle, de cacher. Mais est-il si facile de tourner définitivement le dos aux valeurs qu’on vous a inculquées ? Tandis que l’une se voit rattrapée par ses rêves de mariage et de stabilité, l’autre va rejoindre Paris pour tenter de mener une existence plus libre.
Sophie Brocas fait le portrait de deux femmes de leur époque, retraçant l’un des grands mouvements ouvriers féminins du début du XXe siècle avant de glisser vers la restitution du Paris artistique et avant-gardiste d'alors. On voit à cette occasion surgir les figures de Picasso ou de Fernand Léger réunis dans les soirées d’une comtesse résolument anticonformiste.
Le tout se lit avec une grand facilité. Une trop grande facilité, serais-je tentée de dire : tout va très vite dans ce roman où les personnages semblent s'accommoder assez aisément de leur situation et où les obstacles sont levés à peine apparus. Sans doute l’auteure a-t-elle voulu embrasser beaucoup de sujets - revendications ouvrières, amours saphiques, avant-gardes artistiques, ascension sociale… - dont chacun pourrait faire en soi l’objet d’un récit, plus approfondi et rendant mieux compte de leur complexité. Pour ma part, je suis restée un peu sur ma faim. A lire si on n'a pas d'attentes démesurées...
Vu ton avis, je vais m'en tenir à un excellent podcast sur les Penn Sardin entendu à France-Culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere/la-grande-greve-de-1924-2631990
RépondreSupprimerMerci pour le lien. Je pense que l'écoute de ce podcast complètera parfaitement cette lecture.
SupprimerRester sur sa faim au milieu des sardines, c'est ballot ;-)
RépondreSupprimerEn effet :-D
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