Joseph Conrad
Initialement publié en 1908
Traduit de l’anglais par Michel Desforges
Ayant récemment revu le film de Ridley Scott Duellistes, j’ai eu envie de lire le livre qui l’avait inspiré. Cette singulière histoire d’honneur m’intriguait et j’imaginais que l’écrivain explicitait davantage les ressorts psychologiques pouvant expliquer le comportement de ces deux soldats de l’armée napoléonienne.
En effet, même si le récit est assez bref, Il laisse un peu plus de place à l’analyse. On y découvre deux personnalités contrastées, voire opposées, incarnant deux figures d’officier de l’armée napoléonienne : l’un, Féraud, est un soutien indéfectible de Bonaparte, tandis que le second, d’Hubert, a embrassé une carrière qu’il poursuivra quel que soit le régime en place. Durant plus d’une décennie, le premier provoquera le second en duel de manière obsessionnelle, reléguant aux oubliettes le motif - plus que ténu - de leur discorde initiale.
Bien sûr il s’agit d’une histoire de code de l’honneur qui défie aujourd’hui notre entendement. Mais Conrad donne une dimension existentielle à cette rivalité, les deux personnages ne trouvant à se réaliser que dans cette relation pourtant dénuée de sens - ce dont d’Hubert finira in extremis par prendre conscience.
Mais c’est aussi, d’un point de vue plus historique, l’opposition entre un homme d’extraction modeste auquel l’épisode napoléonien offrira l’occasion d’une ascension sociale - avant la chute - et un autre bien né qui, grâce notamment à sa soeur monarchiste convaincue, stabilisera sa position sous la Restauration.
Ridley Scott, dont c’était le premier film, a tiré le meilleur parti de cette histoire, tandis que Keith Carradine et Harvey Keitel en incarnaient à la perfection les protagonistes. Peut-être en ont-ils même accru leur postérité ?
Tu conseilles les deux : le roman et le film.
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