mercredi 11 septembre 2024

Jour de ressac

Maylis de Kerangal
Verticales, 2024

C’était mon premier Maylis de Kerangal… et je ne m’attendais pas à ça ! Est-ce elle qui s’illustre ici dans un registre nouveau ou est-ce moi qui m’étais fait une idée erronée de cette auteure ? Quoi qu’il en soit, je ne l’imaginais pas du tout s’inscrire dans une intrigue policière. Ainsi son héroïne est-elle dès les premières pages du roman appelée par un commissariat du Havre qui la convoque pour une audition : le cadavre d’un homme a été découvert sur la plage, et parmi ses effets personnels se trouvait un ticket de cinéma sur lequel est inscrit son numéro de portable.

Le Havre : la ville de ses jeunes années, que cette quadragénaire quitta pour gagner la capitale où elle vit aujourd’hui avec mari et enfant. Est-il possible qu’elle connaisse la victime ? Tout ce qui la rattache à ces lieux est si loin désormais…

Dès la descente du train, en retrouvant le cadre de son enfance, les souvenirs se frayent un chemin dans sa mémoire. A la faveur de rencontres inopinées, certaines scènes qu’elle avait oubliées refont surface. La silhouette et les traits de personnes qu’elle a connues se dessinent à nouveau. Au gré de ses errances, son premier amour revient la hanter. Se pourrait-il qu’il soit l’homme de la plage qu’elle n’a pas su identifier sur les clichés que lui avait soumis l’inspecteur ?

Le roman de Maylis de Kerangal échappe aux canons du genre policier. L’identité de la victime et le mobile du meurtrier importent peu. Le récit est matière à réminiscences, à réflexions, à l’évocation d’instants fugaces qui, comme le mouvement de la mer, refluent vers la conscience sans se laisser saisir. Se mêlent passé et présent, souvenirs personnels et événements dramatiques faisant désormais la une de l’actualité : trafic de stupéfiants ou décès de migrants tentant d’échapper à leur condition. Apparaissent ainsi les contours d’une ville dans sa dimension intime autant que collective et dont l’urbanisme et l’architecture portent les stigmates de l’histoire traumatique. 

Entre accents nostalgiques d’un polar noir des années 50 et touches délicates d’un tableau impressionniste, ce texte possède un charme certain. Laissera-t-il en moi une empreinte durable ? C'est toute la question. Mais il m’aura assurément offert quelques jolies heures de lecture.


6 commentaires:

  1. Une autrice dont je pense à tort ou à raison, qu'elle n'est pas pour moi. J'emprunterai peut-être celui-ci à la bibliothèque, pour le Havre.

    RépondreSupprimer
  2. Ça me fait plaisir que tu aies rencontré la plume de Maylis de Kerangal. Ce texte est assez différent des précédents, c'est vrai, même si je ne sais pas de quelle nature étaient tes a priori.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En fait, je n'avais pas vraiment d'idée préconçue, mais je ne l'imaginais pas du tout faire du polar. En même temps, en est-ce vraiment un ? ;-)

      Supprimer
  3. Une auteure dont j'aime les textes courts. Le côté policier me tente.

    RépondreSupprimer