jeudi 19 septembre 2024

Zone base vie

Gwenaëlle Aubry
Gallimard, 2024


Curieux qu’il n’y ait pas encore eu beaucoup de livres sur cette expérience unique et planétaire que nous avons collectivement faite en 2020. Je veux bien entendu parler de la réclusion forcée déclarée par nos gouvernants dans l’espoir d’enrayer l’épidémie de Covid. C’est de ce sujet que s’empare Gwenaëlle Aubry dans un roman aux accents peréciens faisant entendre les voix de personnages occupant les appartements d’un immeuble parisien : la fille de la gardienne, une avocate, un startupeur, un retraité, un ouvrier en bâtiment, une étudiante, un couple de bobos et une jeune femme enceinte. Autant de profils différents, autant d’histoires singulières, autant de manières de faire face à cette situation inédite.


Au sein des trois parties de ce roman correspondant aux deux principales périodes de confinement de 2020 et à la sortie que l’on peut considérer comme définitive de cette époque à l’été 2021, les protagonistes prennent tour à tour la parole. Entre ceux qui partiront s’exiler à la campagne et ceux qui se verront contraints de vivre dans un espace exigu, les personnes isolées et les couples découvrant chez l’autre une face inconnue et inattendue, chacun vivra ces mois de manière tout à fait différente. Mais aucun ne la traversera sans mal et tous feront face, d’une manière ou d’une autre, à des questionnements sur leur existence.


Gwenaëlle Aubry brosse une galerie de personnages qui, s’ils n’échappent pas à quelques clichés, se révèlent tout à fait convaincants. Nous avons tous dans notre entourage des amis, des voisins, des collègues qui leur ressemblent, et le lecteur pourra même se reconnaître dans l’un ou l’autre d’entre eux. Les ressources et les stratégies qu’ils mettent en oeuvre pour tenir, leurs gestes, leurs angoisses, leurs remises en question ont pu être les nôtres.


A la sortie, chacun reprendra le cours d’une vie qui a pu insensiblement dévier ou être complètement bouleversé. Mais les conséquences sont bien là et sans doute plus profondes et durables qu’on ne le croit. Reste désormais à évaluer les effets à long terme de cette époque de réclusion généralisée où le monde s’est soudain rétréci au cercle le plus étroit qui soit. Sans doute pour ce faire sera-t-il nécessaire d’avoir plus de recul. Mais ce dont je suis intimement convaincue, c’est que l’on n’en mesure pas encore la véritable étendue sur les individus et leur rapport au monde.


6 commentaires:

  1. J'ai lu un ou deux romans sur le confinement, mais je dois avouer qu'ils ne m'avaient pas passionnés.

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  2. J'avoue un gros manque d'envie de lire sur le confinement même si je ne doute pas qu'un ou deux écrivains talentueux sauront transformer cette matière. J'ai l'impression que c'est encore un peu tôt pour en faire quelque chose d'intéressant.

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    1. C'est sûr que si quelqu'un - Nicolas en l'occurrence - n'avait pas attiré mon attention dessus, je ne l'aurais sans doute pas lu. Et pour le reste, je suis d'accord avec toi.

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  3. Même remarque que mes collègues :) Encore le/la COVID... oui, tout le monde aurait pu écrire sur ce sujet finalement... (gros soupir)

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    1. Tout le monde, je ne sais pas... Mais c'est sûr qu'on a tous été concernés, bien malgré nous !

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