vendredi 6 septembre 2024

La vie meilleure

Etienne Kern
Gallimard, 2024


La méthode Coué, on en a tous entendu parlé… et on l’a tous plus ou moins mise en pratique un jour ou l’autre - même si c’était avec un brin de scepticisme, voire de dérision. Car il faut bien reconnaître qu’elle souffre aujourd’hui d’un déficit de crédibilité. Pourtant, l’homme qui l’a mise au point et qui lui a donné son nom connut son heure de gloire. Né en 1857 dans l’Aube, le pharmacien Emile Coué s’inspira des travaux sur la suggestion et l’hypnose développés au début du XXe siècle notamment par le docteur Liébeault, avec lequel il se lia, et par le professeur Bernheim pour expérimenter une pratique qui sembla obtenir quelques succès. Celui qui aurait voulu être médecin put ainsi jouir d’une notoriété qui finit par traverser les frontières pour atteindre l’Amérique où il donna dans les années 1920 une série de conférences.


C’est son histoire que nous relate Etienne Kern, dans un roman très attendu d’un large public après la publication en 2022 des Envolés, lauréat du prix Goncourt du Premier roman. Evoquer aujourd’hui ce succès n’a rien d’innocent. On retrouve en effet dans La vie meilleure de nombreuses similitudes avec Les Envolés. Partant de quelques images d’archives, Etienne Kern évoque en effet la destinée d’un personnage quelque peu oublié du public, mais qui connut en son temps une certaine audience médiatique. Dans les deux cas, on a affaire à un homme habité par une idée qui put alors paraître surprenante (mais qui trouvera une forme de d'accomplissement par la suite), et surtout un homme en mal de reconnaissance, s’accrochant désespérément à son projet en dépit des doutes qui l’assaillent. Emile Coué, sous la plume d’Etienne Kern, est touchant et attachant, comme l’était déjà Franz Reichlt se jetant du haut de la tour Eiffel alors même qu’il avait conscience que l’attirail qu’il avait conçu allait irrésistiblement l’entraîner vers la mort.


Au-delà de cette thématique commune, la forme des deux textes offre une évidente parenté. L’auteur opte pour un format bref jouant volontiers de l’ellipse : les années filent parfois… en une seule phrase. Si je reconnais l’élégance de sa prose et la délicatesse avec laquelle il traite ses personnages, je dois dire que je suis peu réceptive à ce type d’épure, d’où un enthousiasme modéré de ma part. Mais c’est sans doute ce qui permet aux lecteurs qui avaient tant apprécié Les Envolés d’être au contraire à nouveau pleinement conquis ! 





7 commentaires:

  1. Bon sang, c'est vrai : la méthode Coué !

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  2. Je n'ai pas tellement aimé Les Envolés... il y a quelque chose d'inaccompli, d'inachevé qui m'a frustrée, je ne pense donc pas lire ce titre-là.

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    1. Comme moi, alors. Dans ce cas, je te confirme que cette nouvelle lecture risquerait de produire le même effet.

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  3. J'ai cru comprendre au travers des différents échos que le procédé romanesque est proche de celui des Envolés en effet, et comme je fais partie des réceptifs à ce genre d'épure je pense que je tenterai ma chance :-)

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    1. Sachant que ce qui m'a également gênée, c'est que j'ai eu le sentiment que l'auteur réécrivait le même livre, mais avec un autre motif...

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  4. J'aime bien les auteurs elliptiques^^

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