François-Henri Désérable
Gallimard, 2013
François-Henri Désérable est un écrivain fin, à la plume élégante, dont je lis chacun des nouveaux livres depuis que je l’ai découvert avec Un certain monsieur Piekielny. Je m’étais alors promis de lire ses ouvrages antérieurs, et la récente fête nationale m’est apparue comme l’occasion idéale de mettre ce projet à exécution - si je puis utiliser ce terme ici… Désérable y présente en effet plusieurs figures de la Révolution française dans les heures qui précédèrent leur décapitation.
Evidemment ce choix donne une vision particulière de cet épisode fondateur de notre histoire. Aborder la Révolution sous le seul angle de la Terreur peut conduire à discréditer l’ensemble de l’événement. Surtout lorsqu’on se focalise sur les individus, créant un phénomène d’empathie propre à produire une réaction d’hostilité et d’indignation. Ceci étant posé - et à bien garder à l’esprit - Désérable ne prétend pas faire un travail d’historien - même s’il s’est solidement documenté, comme en témoigne la bibliographie qu’il présente en fin d’ouvrage. Il nous offre à travers le prisme qu’il a défini une remarquable oeuvre littéraire. Constituée d’une galerie de portraits de personnalités hétérogènes - Danton, Marie-Antoinette, Charlotte Corday, mais aussi Lavoisier, André Chénier, le Vendéen Lantenac, ou la douzaine de girondins qui firent banquet à la veille d’être « raccourcis », elle présente néanmoins une parfaite cohérence, par les échos que les chapitres se renvoient.
Désérable nous plonge avec talent dans l’atmosphère tourmentée des années 1793-1794 et nous met littéralement en présence des personnalités qu’il convoque. Pour cela, il passe souvent par le regard d’un tiers qui endosse le récit, ce qui confère à ce dernier une véritable dynamique. Le style de l’écrivain, dans cette première oeuvre, est déjà affirmé, précis, vivant, soigné, en un mot parfaitement maîtrisé. Un vrai plaisir de lecture, en somme, qui se double d’une dimension didactique et documentaire tout à fait passionnante, en dépit de mon préambule.
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