samedi 22 mai 2021

Billy Wilder et moi

Jonathan Coe
Gallimard, 2021


Traduit de l’anglais par Marguerite Capelle




Je n’aurais certainement pas lu spontanément un livre sur Billy Wilder : contrairement à l’auteur, je ne suis pas particulièrement cinéphile et, à part Certains l’aiment chaud et Boulevard du crépuscule, je ne pense pas avoir vu beaucoup de films de ce réalisateur. Mais, quand Jonathan Coe est aux commandes, je pourrais bien aller jusque sur la planète Mars ! Et je ne vais pas en faire mystère, il m’a une fois de plus enchantée avec ce récit à mi-chemin de la biographie et du roman d’apprentissage.


Car deux personnages se partagent la vedette : Calista, une jeune Grecque ravie de quitter son pays pour découvrir d’autres cieux, et le grand réalisateur vieillissant qui est sur le point de tourner son avant-dernier film, Fedora. Comment ces deux-là font-ils connaissance ? Je m’en voudrais de vous priver du plaisir de la découverte, tant Jonathan Coe excelle à relater le charme des rencontres et la manière dont les individus tissent des liens. Sachez simplement qu'à l’occasion du tournage va naître entre la jeune femme et le vieil homme une véritable forme de complicité et de tendresse.


Lorsque s’ouvre le roman, Calista est une femme mariée, mère de deux filles qui sont sur le point de quitter le giron familial. Une épreuve difficile à passer, qui l’amène à se remémorer le moment où elle-même avait quitté ses parents, où elle avait pris son propre envol et fait cette rencontre décisive. 

C’est par petites touches qu’elle révèle la personnalité et le parcours de Billy Wilder qui, comme d’autres grandes figures du cinéma américain, avait fui l’Europe au moment de l’accession au pouvoir par Hitler. A travers le regard de son héroïne, Coe nous présente un homme à l’intelligence vive, à jamais blessé par la mort de sa mère disparue dans les camps, parfois caustique, qu’il sait nous rendre extrêmement attachant. A le lire, c’était surtout un homme doué d’un humour pince-sans-rire qui, conjugué avec celui délicieusement british de notre écrivain, confère à ce roman délicat et très documenté un esprit à nul autre pareil. Tout l’art de Jonathan Coe est là : savoir mêler à la nostalgie et à des accents de gravité des pages d’une rare drôlerie. Vous arrive-t-il de rire en lisant un roman ? Je veux dire de rire aux larmes ? Eh bien, ça m’est arrivé en lisant ce livre. Et je peux vous dire que c’est assez rare pour le noter. La dernière fois, eh bien, ça devait être il y a une vingtaine d’années et c’était en lisant... Les nains de la mort, d’un certain Jonathan Coe. Croyez-moi, cet écrivain-là est vraiment unique en son genre !



Nicole est aussi fan que moi !





 



14 commentaires:

  1. Il est dans ma pile à lire pour le mois anglais... chouette ! ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Je viens de terminer Le cœur de l'Angleterre (pour le mois anglais) et Numéro 11 m'attend sur ma pile. C'est un auteur que j'ai découvert assez récemment (il y 2 ans) mais avec lequel je n'en ai pas fini, c'est sûr ! Il est passé sur France Culture pour évoquer ce titre, qui ne m'attire pas plus que ça à vrai dire.. et j'ai de quoi faire avec le reste de son œuvre pour l'instant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, il te reste largement de quoi te régaler ! Quelle chance tu as ;-)

      Supprimer
  3. Je n'irais pas spontanément vers ce sujet là non plus, mais comme j'ai tout à découvrir de lui, j'ai le choix :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu n'as jamais lu Jonathan Coe ? Effectivement, alors, tu as le choix. D'autant qu'il a écrit des textes très variés.

      Supprimer
  4. Ce qu'il fait ici frôle le grand art, sa façon d'utiliser la forme pour éclairer le fond... Je suis d'accord, certaines scènes sont irrésistibles avec un sens du comique qui semble emprunté à son personnage (quel plus bel hommage ?) et l'ensemble est touchant. Je crois que Jonathan Coe peut désormais tout se permettre, on va encore se régaler pendant de nombreuses années.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh oui ! Et cette perspective a tout pour me plaire ;-)

      Supprimer
  5. Je suis comme toi. Jonathan Coe peut écrire sur n'importe quel sujet, je le lirai. Je n'ai pas encore celui-ci en ma possession mais ça viendra.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison : fais durer le plaisir. Une fois qu'on commence la lecture, ça va tellement vite... ;-)

      Supprimer
  6. Mes échappées livresques25 mai 2021 à 07:42

    Depuis le temps que j'entends du bien de cet auteur, il faut vraiment que je me lance!

    RépondreSupprimer
  7. J'aime beaucoup l'auteur, mais le sujet ne me tente pas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, moi, dès que je vois les trois lettres de son nom, je me lance. Quel que soit le sujet. Et, franchement, je ne l'ai pas regretté !

      Supprimer