samedi 4 janvier 2020

Databiographie


Charly Delwart

Graphiques réalisés par Alice Clair

Flammarion, 2019



Vous êtes-vous déjà demandé combien de lapsus vous faisiez par an et, parmi ceux-ci, lesquels étaient révélateurs ? Avez-vous déjà comptabilisé le nombre de fois où vous avez songé devenir végétarien ? Ou vegan ? Les nuits passées seul(e) et celles passées en couple ? Les heures consacrées annuellement à l’écoute de différents types de musique à 5 ans, 15 ans, 30 ans ou 40 ans ? Vous êtes-vous déjà amusé à convertir le budget total que vous avez dédié à votre psychanalyse (si  bien sûr vous en avez suivi une) en nombre de mètres carrés que vous auriez pu acheter dans différentes villes du monde ? 

De nos jours, les chiffres sont rois. Tout s’explique par une somme de statistiques, de taux, de pourcentages, réduisant parfois l’analyse à la portion congrue. Comme si un chiffre détenait une vérité indiscutable.

Mais les chiffres peuvent-il suffire à répondre à nos questions ? Permettent-ils vraiment de définir un phénomène, d’appréhender un environnement, de cerner une personnalité ? C’est sans doute la question que s’est posé Charly Delwart en imaginant tracer son portrait à l’aide de seules données chiffrées. Classées en 18 chapitres correspondant à de grandes thématiques telles que vie intérieure, comportement civique, famille, sport, religion ou encore vie amoureuse, des questions de toute nature, certaines élémentaires, d’autres (beaucoup) plus fantaisistes se succèdent tout au long de ce livre. Matérialisées par des graphiques variés, évitant ainsi l’écueil de la monotonie, ces données suscitent des commentaires de la part de l’auteur, à l’instar des légendes qu’appelle généralement ce type de document. Souvenirs, anecdotes, indications personnelles viennent ainsi soutenir et expliciter les chiffres présentés.

J’étais à la fois intriguée et un peu sur la réserve quant à cet ouvrage. En ressortirait-il vraiment le portrait d’un homme ? Et puis une telle entreprise avait-elle toujours partie liée avec la littérature ? Finalement, c’est la curiosité à l’égard d’un projet sortant complètement de l’ordinaire qui l’a emporté...

Si j’ai trouvé l’exercice amusant, riant parfois devant l’inattendu ou l’absurdité de certaines données, j’ai fini par avoir un peu l’impression que le texte tournait à vide. Certes, on peut le voir comme une tentative de «littérature conceptuelle» - c’est ce que j’ai fait. Les mots, les phrases ne visent plus alors à une dimension esthétique, qui s’efface au profit de la seule idée. Mais si je suis relativement ouverte à la démarche dans le domaine des arts plastiques, il faut croire que je reste encore trop conservatrice dans celui de la littérature ! Pas assez de mots et trop de chiffres pour moi, qui n’en avais jamais vu autant d’un coup ! La tentative m’a donc finalement paru un peu vaine... Sauf à conclure à la stérilité des chiffres et à la supériorité du verbe - et là, je ne serais pas loin d’acquiescer avec conviction ! 


11 commentaires:

  1. Mouiiii... à feuilleter à la bibliothèque, alors. Je n'ai rien contre les nombres, pourtant.

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    1. Disons que je pense que ça peut valoir le coup d'y jeter un oeil. Mais on n'est pas forcément obligé de tout lire. La bibliothèque est donc une excellente solution.

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  2. Moi aussi j'étais curieuse mais je craignais aussi exactement ce que tu relèves, que l'exercice finisse par tourner en rond... Donc je n'ai pas cédé à la curiosité et tant pis.

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    1. Mais je ne suis pas fâchée de l'avoir lu. D'autant qu'en raison de la présence des graphiques, qui occupent une part non négligeable des pages, il se lit en fait très vite et très facilement. C'était une expérience intéressante.

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  3. Je déteste tout ce qui est chiffrage et à qui l'on fait dire finalement ce que l'on veut. Donc ce n'est clairement pas pour moi.

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  4. J'ai emprunté ce livre, après avoir écouté l'auteur sur France culture

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    1. Et tu ne l'as donc pas encore lu, si je comprends bien. J'irai lire ton avis.

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  5. peut-être plus tard...quand il y aura eu nettoyage dans ma PAL

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  6. J'acquiesce aussi avec conviction à la supériorité du verbe !
    Bonne année !

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