Avant même de le tenir entre mes mains, de pouvoir en tourner les pages et m’abîmer dans leur lecture, à la simple évocation de son titre, j’ai su que le nouveau livre d’Olivier Rolin était celui que j’attendais depuis longtemps. Le livre qui allait se hisser au côté de L’Invention du monde. Son titre disait assez en effet combien il allait m’emmener dans des régions lointaines pour repousser les frontières de mon imaginaire. J'ose dire que je connais suffisamment l’oeuvre d’Olivier Rolin pour savoir qu’il s’agirait d’un voyage singulier qui ne se contenterait pas de me dépeindre une ville au nom exotique ou une vaste steppe enneigée, ni de me présenter un personnage remarquable rencontré au gré des multiples déplacements de l’auteur, mais qu’à ceux-ci se mêleraient ses réminiscences littéraires, ses connaissances historiques, des visages amis ou aimés, mais aussi la relation des émotions et des réflexions que ses souvenirs et ces images faisaient naître en lui.
L’invention du monde, écrit il y a plus de vingt-cinq ans, était le troisième roman de l’auteur. Il était alors dans la force de l’âge. Il avait encore l’appétit et l’arrogance de la jeunesse : le monde lui appartenait. Il en était le démiurge et le façonnait de ses mots, empruntés à toutes les langues et qui ne se refusaient aucune liberté.
Aujourd’hui, l’homme a vieilli. Il a derrière lui une oeuvre riche et abondante. La mort n’est plus cet horizon fictif et il a vu assez d’amis disparaître pour admettre que le monde continuera d’exister après lui. Mais on ne se refait pas et, malgré la nostalgie dont sont empreintes ces pages, malgré le sentiment de puissance qui l’a déserté, sa soif d’ailleurs, son désir de s’extraire de ce qui lui est familier pour aller vers ce qui lui est le plus étranger restent intacts, tandis que son verbe conserve toute sa poésie et sa force d’évocation.
Ce texte, qui de l’aveu même de son auteur ne se laisse pas aisément appréhender, serait, quoi ? une «récapitulation» ? une «géographie personnelle» ? «le relevé des traces que le monde laisse sur une vie» ? une quête des «mots qui épingleront, non pas «le réel», mais l’impression qu’il vous fait» ? une tentative pour retrouver et saisir ces instants fugaces nés d’une rencontre avec une personne, une oeuvre picturale ou musicale, une forme de perfection qui «fasse naître ce sentiment de plénitude» ?
Il est tout cela à la fois, cet entrelacs de réflexions sur l'écriture, de récits de voyages, de références littéraires, d'évocation de figures féminines, d’anecdotes et de souvenirs personnels, d’émotions qui resurgissent au fil des mots, cette pleine liberté laissée à l'esprit de ricocher d'une image à une autre, cette attention et cet amour portés aux mots et à la langue quelle qu'en soit leur origine et qui n'est rien d'autre que le matériau que modèle l'écrivain pour donner forme à cette étonnante composition témoignant avec poésie de la manière dont la vie et la littérature peuvent intimement se mêler. C'est un récit qui dessine un portrait de l'auteur tout en peignant un portrait du monde. Et ce faisant, il nous parle aussi bien de nous.
C’est un livre d’une rare richesse qui ne saurait se laisser réduire à une quelconque tentative de définition, si développée fût-elle. C’est, bien sûr, l’oeuvre d’un grand écrivain.
Pour l'occasion, j'ai rouvert ma page "Ouvrez les guillemets". Pour lire quelques beaux extraits, cliquez ici.
C’est un livre d’une rare richesse qui ne saurait se laisser réduire à une quelconque tentative de définition, si développée fût-elle. C’est, bien sûr, l’oeuvre d’un grand écrivain.
Pour l'occasion, j'ai rouvert ma page "Ouvrez les guillemets". Pour lire quelques beaux extraits, cliquez ici.
La librairie Le Divan recevra Olivier Rolin le 18 octobre.
Il s'agira d'une rencontre conjointe avec Patrick Deville
dont je devrais vous parler prochainement.
Quelle magnifique idée que de réunir ces deux écrivains
dont les oeuvres se font écho !
Olivier Rolin c'est l'exemple type de l'écrivain que je veux lire depuis longtemps sans jamais y arriver .. Je l'ai entendu parler de son livre sur France Inter et j'ai beaucoup aimé ce qu'il disait. Ce sera peut-être le bon pour m'y mettre enfin.
RépondreSupprimerMais oui !!!!
Supprimerdès que j'ai eu vent du dernier livre d' Olivier Rolin , je savais qu'une critique ne tarderait à suivre
SupprimerBien sûr il faut lire Olivier Rolin c'est un vrai plaisir, ce que je vais m'empresser de satisfaire
Voilà encore un auteur que je n'ai toujours pas lu. Et d'ailleurs s'il me prenait l'envie et le temps de le lire, lequel prendrai-je en premier ?
RépondreSupprimerComme toujours, je répondrais L'Invention du monde, ou bien Le météorologue... ou bien celui-ci, Extérieur monde ;-)
SupprimerJ'ai bien aimé Bakou derniers jours et Le météorologue... Je ne suis pas aussi fan que toi et j'ai l'impression qu'il faut mieux connaître l'auteur pour lire ce dernier ouvrage...
RépondreSupprimerMais non, pas forcément ! C'est juste que ma lecture personnelle s'enrichit de toutes les lectures qui l'ont précédée. Mais tu peux tout à fait le lire sans connaître toute son oeuvre !
SupprimerC'est beau l'amour ! Allez, je te taquine gentiment mais il faudra bien que je lise un truc de lui un jour :-)
RépondreSupprimerOuh la vilaine qui ne l'a toujours pas lu ! Comment est-ce donc possible ?
SupprimerAllez, je te taquine aussi... mais un petit conseil : cours vite chez ton libraire ;-)
j'ai vraiment beaucoup aimé "LE météorologue" et celui-ci est dans ma liste spéciale rentrée...
RépondreSupprimerPar contre je n'ai toujours pas lu "L'invention du monde" le temps passe tellement vite
Deux belles lectures en perspective, alors !
Supprimer;-)
Peut-être un peu trop nébuleux pour moi tout ça. Surtout que je n'ai jamais lu Rolin...
RépondreSupprimerAh mais pas du tout ! C'est moi qui ai foiré mon commentaire si tu penses ça ! Ce texte est fantastique car il brasse beaucoup de choses, mais la lecture en est extrêmement fluide. Et point n'est forcément besoin d'avoir lu ses précédents livres pour aborder ce texte, sincère, qui évoque des expériences de vie qui peuvent parler à chacun d'entre nous. La poésie ne plus. :-)
SupprimerTu te doutes que j'attendais ton avis avec impatience ! Et je crois que ce dernier livre de ton chouchou est tout à fait pour moi !
RépondreSupprimerVoilà qui fait mon bonheur !!!
SupprimerBelle lecture à toi, ma chère Catherine :-)
Je n'ai jamais lu cet auteur! :-S
RépondreSupprimerMais quelle erreur !
Supprimer:-D
Voici donc une belle occasion de le découvrir !
Tu donnes envie de découvrir l'auteur !! ;) Merci pour ton lien <3
RépondreSupprimerJ'espère bien ! ;-)
SupprimerMerci à toi de donner de réunir ainsi les blogueurs et les avis sur ta page !
Je n'ai jamais lu cet auteur, il faudrait peut-être que je tente :)
RépondreSupprimerIl faudrait CERTAINEMENT que tu tentes !
Supprimer;-)
il va falloir que je me décide aussi à le découvrir!
RépondreSupprimerMais oui !
Supprimer:-))
Un billet bien tentateur.
RépondreSupprimerEn même temps, c'est mon écrivain contemporain préféré... ;-)
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