Thomas B. Reverdy
Flammarion, 2025
Avec ce récit, Thomas B. Reverdy inaugure une toute nouvelle collection intitulée « Retour chez soi ». Le temps d’une journée et d’une nuit est offerte à un écrivain la possibilité de retourner sur un lieu de son enfance ou de son adolescence afin qu’il livre le récit intime de cette expérience. Ça vous rappelle quelque chose ? Comment ne pas penser en effet à « Ma nuit au musée » des éditions Stock ? Les succès éditoriaux sont toujours source d’inspiration pour les autres éditeurs…
Je dois dire que j’étais un peu circonspecte. D’autant que, plus encore que la confrontation avec une oeuvre qui vous touche particulièrement, ce dispositif me semblait de nature à mettre les écrivains dans une situation de profond bouleversement pouvant donner lieu à une surexposition de leur part la plus intime. Car, dans le fond, c’est bien cela qui est attendu. Mais j’aime beaucoup Reverdy, et ce n’est pas cela qui allait m’empêcher de lire son nouveau livre !
Ainsi donc est-il revenu dans un quartier qu’il n’a plus beaucoup l’occasion de fréquenter pour passer la nuit dans le studio de danse où sa mère prenait des cours chaque samedi et au-dessus duquel ii a occupé pendant deux ans, alors qu’il était étudiant, une petite chambre qui lui était louée pour une somme dérisoire. Un lieu empreint d’une forte charge émotionnelle puisque étroitement lié à sa mère, morte depuis trente ans. Evidemment, les souvenirs affluent. En retournant sur d’autres lieux alentour, cafés et restaurants où il se rendait enfant avec elle, des scènes lui reviennent en mémoire. Au fil des pages se dessine le portrait d’une femme éprise d’art et de liberté, qui emmenait son fils au théâtre et à l’opéra, considérant qu’on n’était jamais trop jeune pour fréquenter la beauté, que la vie n’était jamais aussi ardente que lorsqu’on était frappé en plein coeur par le jeu d’un acteur ou l’arabesque d’une étoile, et qui n’a eu de cesse de transmettre à son fils le goût de cette beauté.
Sans jamais sombrer dans le pathos, ni même la nostalgie, Reverdy rend au contraire un hommage appuyé à cette mère à laquelle j’aimerais ressembler. Ou, disons que si mes fils avaient un jour de tels mots à mon égard, c’est que j’aurai réussi à leur transmettre moi aussi ce qui est à mes yeux l’essentiel.
Mais ce qui fait la force de ce récit, c’est que Reverdy ne se contente pas de se retourner sur son passé. Il met au contraire en perspective ce moment unique de l’adolescence où tout semble ouvert, où tous les choix semblent possibles, et regarde les années, encore nombreuses, qu’il lui reste à vivre. A cinquante ans, peut-on encore se laisser surprendre par la vie et emprunter une nouvelle voie ? Telle est sans doute l’interrogation majeure de ce texte, qui apparaît ainsi empreint d’un bel élan vital.
J'ai aimé ce que j'ai lu de cet auteur, mais je passerai mon tour pour ce livre, dont le sujet est trop introspectif à mon goût.
RépondreSupprimerIl est certain que ce type d'approche ne va pas faire l'unanimité...
SupprimerOh ça a l'air bon, surtout s'il ne tombe pas dans les travers du genre. Tu me rappelles que je veux revenir vers cet auteur (je me suis arrêtée à Il était une ville).
RépondreSupprimerOuh, c'était il y a longtemps, ça ! Voici l'occasion de le retrouver ;-)
SupprimerJe n'aime pas le principe de ce genre de livre "de commande" et j'avoue que même s'il t'a plu, je passe mon tour.
RépondreSupprimerJe peux comprendre... C'est vrai que je n'étais moi-même pas très chaude. Mais au vu de la réussite de ce premier texte, je ne m'interdis pas de retenter si un autre auteur que j'apprécie se prête à l'exercice.
SupprimerJ'avais aimé Les évaporés, mais je n'ai rien lu de l'auteur depuis (rien ne me tentait). Une idée de collection originale.
RépondreSupprimerOriginale, je ne sais pas, mais c'est peut-être l'occasion de retrouver l'auteur ;-)
SupprimerMa seule lecture de cet auteur a failli être "les évaporés" que j'ai abandonnés. Je n'arrivais pas à accrocher. Je referais bien une tentative, c'était peut-être le thème qui ne me convenait pas.
RépondreSupprimerC'est par ce titre que j'avais découvert l'auteur. Comme toi, je n'étais pas particulièrement attirée par le thème, mais j'avais beaucoup apprécié sa délicatesse et son style, déjà. Peut-être une nouvelle tentative est-elle à faire ? Je me souviens avoir beaucoup aimé L'hiver du mécontentement... Je suis sûre que cela ferait remonter en toi les souvenirs d'une époque ;-)
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