lundi 21 octobre 2024

Coliseum

Thomas Bronnec
Gallimard Série noire, 2024


Les Français se désintéressent de la politique… Ils n’accordent plus aucun crédit à ceux qui prétendent les représenter… Les élus de la République n’ont plus de réelle légitimité… Si certains pouvaient encore tenter de réfuter ces assertions, le scrutin présidentiel de 2027 est venu définitivement enfoncer le clou : avec 39,8 % de participation, Damien Clairville avait été élu en recueillant moins de 4 millions de voix au premier tour et à peine 7 millions au second. Soit un score de 15 % des suffrages. Puisque l’élection avait perdu toute substance, il fallait de toute urgence trouver un nouveau mode opératoire pour susciter l’intérêt de la population. Fini les débats à l’ancienne, vive la téléréalité ! Pour désigner celui ou celle qui allait désormais défendre les couleurs du parti Horizon, les quatre prétendants seraient départagés par les téléspectateurs au terme de trois jours de cohabitation filmés en permanence. Deux femmes et deux hommes vont ainsi être enfermés dans un logement avec jardin et piscine, et, entre une épreuve de cuisine et un jeu de j’aime-j’aime pas, débattre des questions qui préoccupent les Français. 


Si, dès son annonce, l’émission fait l’objet de polémiques, rien ne semble pouvoir empêcher sa mise en œuvre. Pas même les menaces que reçoit Nathan Calendreau, un ancien ministre de l’Economie sur le retour, à la veille de son entrée en scène : s’il ne renonce pas à sa participation, un drame surviendra, le prévient un message anonyme. Mais chez ces gens-là, on a les dents bien trop longues pour sacrifier ses ambitions… 


Tandis qu’un commando de jeunes femmes exécute un homme pris au hasard chaque fois qu’un nouveau féminicide est commis en France, Calendreau se remémore un épisode peu glorieux de son passé. L’une de ses adversaires, avec ses sous-entendus, en aurait-elle connaissance ? 


Thomas Bronnec entrecroise les fils de son intrigue avec une adresse n’ayant d’égal que l’acuité avec laquelle il dépeint l’incurie de notre personnel politique et l'état d'affaiblissement de nos institutions démocratiques. On ne peut pas dire que ce polar redonne beaucoup d’optimisme mais, côté efficacité et plaisir de lecture, il fait admirablement le job !



Merci à Nicole pour cet excellent conseil de lecture






2 commentaires:

  1. Point de départ intéressant. C'est tentant de voir ce que l'auteur en a fait.

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  2. Je suis ravie que ce scénario ait pu capter ton esprit et te faire passer un bon moment. Je n'en ai raté aucun, mais je crois que mon préféré, le plus glaçant aussi est "En pays conquis" (et quelques années après c'est bluffant)

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