mardi 15 octobre 2024

Les vérités parallèles

Marie Mangez
Finitude, 2024


C’est l’histoire d’un p’tit gars à l’imagination fertile, capable dès son plus jeune âge de donner à la fiction les plus criants accents de vérité. D’un gars qui, en grandissant, finit par se rêver journaliste. D’un gars qui, par chance, réussit à entrer à la rédaction du célèbre hebdomadaire Le Miroir et parvient rapidement à décrocher le graal, le prix Albert Londres, grâce aux enquêtes qu’il réalise sur les plus noires tragédies humaines.


Sauf que le gars en question, dans le fond, n’est pas journaliste. Il aurait plutôt une fibre de romancier. Sillonner la planète pour en rapporter le récit de ce qu’il a vu et le témoignage des personnes qu’il a rencontrées, ce n’est pas son truc. Vraiment pas. En fait, ça le tétanise. Alors, il reste à distance raisonnable et se documente. Beaucoup. Et une fois qu’il est bien imprégné de son sujet, il recompose le théâtre des conflits ou des drames qu’il est censé avoir couverts et imagine les paroles des protagonistes.


Le lecteur, quant à lui, n’attend qu’une chose : le moment où le pot aux roses va être découvert. On a envie de savoir comment cette falsification va être appréhendée par la profession, quelle réflexion va être apportée sur la nature du métier, son évolution au regard de la montée en puissance du digital, comment vont être abordées la notion de réalité, la place de l’interprétation et de la subjectivité… plus on avance dans la lecture, plus on brûle d’avoir des éléments de réponse !


Mais voilà : le voile n’est levé que dans les toutes dernières pages du roman. Tout ce qu'on espérait et qui aurait pu faire l’intérêt du texte est donc expédié en quelques phrases. C'est ce qu'on appelle une douche froide ! En revanche, on aura eu droit aux atermoiements sans fin de notre pseudo-journaliste redoutant l’issue fatale.


Si encore ce personnage avait présenté une certaine complexité, si l’auteure en avait exploré la profondeur psychologique - ce qui aurait pu être un angle possible - on aurait pu s'intéresser à lui. Mais cet Arnaud Daguerre est si mièvre, si peu convaincant dans son habileté à jouer double-jeu qu'on peine à éprouver la moindre empathie à son égard. En fait, il est si pusillanime qu'on ne comprend même pas comment il a pu tromper son monde... 


Je ne peux pas dire que je me sois fermement ennuyée à la lecture de ce roman, mais celui-ci ne me semble vraiment pas être à la hauteur d'un sujet pourtant majeur, à une époque où la presse est en perte de vitesse et où les fake news et la désinformation sont l'un des grands dangers qui menacent les démocraties. C'est dommage, parce qu'il y avait matière à un bon livre.

3 commentaires:

  1. En bref, ce n'est pas très réussi. Dommage en effet, le thème est tellement actuel.

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    1. Mais oui ! Je ne comprends pas comment il est possible de faire un truc aussi mièvre avec un tel sujet !

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  2. Mièvre : on sent que tu n'as pas aimé.

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