Harold Cobert
Les Escales, 2024
N’allez surtout pas croire qu’après Belle-Amie Harold Cobert ait eu à nouveau envie de plonger dans le XIXe siècle pour nous offrir une variation sur le grand classique de Stendhal. C’est plutôt à une immersion dans le siècle suivant qu’il nous invite, en déroulant une vaste fresque nous emmenant en Russie, des années pré-révolutionnaires à la chute du Mur de Berlin.
Les héros en sont deux aristocrates qui, bien que frères, ont des caractères aussi dissemblables que possible. Un contraste qu’a très vite perçu Natalia, la fille de leur gouvernante, aux côtés de laquelle ils ont grandi et qui n’aime rien tant que jouer de leur rivalité. Si le cadet Ivan, heurté par la différence de traitement réservé à Natalia, se range rapidement aux idées marxistes pour éradiquer les inégalités de classe, Alexei est quant à lui partisan d’un progressisme libéral. Ainsi, lorsque éclate la Révolution, empruntent-ils des chemins différents, scellant définitivement leur opposition. Quant à Natalia, l’amour qu’elle porte aux deux jeunes hommes ne l’empêchera pas de choisir son camp pour prendre une part active au grand bouleversement qu’est en train de connaître la Russie.
Construit autour des destinées de ce trio, Le rouge et le blanc est un ample roman qui relate avec minutie l’histoire de l’événement déterminant que fut la Révolution de 1917 et ses impacts sur la scène internationale. L’un de ses principaux atouts réside précisément dans le traitement réservé aux principaux protagonistes. Jouant sur leurs positions sociales respectives et leur sensibilité individuelle, l’auteur brosse un tableau de la Russie tsariste avant de mettre en lumière la manière dont un idéal s’est vite transformé en un dogmatisme qui conduisit à l’impensable. On suit avec effroi leur évolution, et les choix effectués par les uns et les autres font plus que froid dans le dos…
L’auteur s’est de toute évidence appuyé sur de solides connaissances et une scrupuleuse documentation pour restituer avec précision le contexte historique qui préside à leurs destinées. Le roman revêt ainsi une dimension didactique tout à fait appréciable (surtout pour les lecteurs dont les cours d’histoire sont désormais quelque peu lointains) … C’est peut-être aussi le (petit) défaut de sa qualité : on aimerait parfois que le souffle romanesque l’emporte davantage sur la dimension historique. Pas de quoi toutefois bouder son plaisir : je n'ai pas mis plus de quelques jours à dévorer ce petit pavé dont la fin m'est apparue tout à fait réussie !
Jamais lu Harold Cobert. Par contre le sujet ne me semble pas très original, il faut donc compter sur un gros talent romanesque pour le renouveler voire le sublimer :-)
RépondreSupprimerIl est certain que ce n'est pas le premier roman sur le sujet, loin s'en faut ! J'ai par exemple en tête la fabuleuse Saga moscovite de Vassili Axionov qui reste pour moi une référence absolue. Mais elle s'arrête à la mort de Staline, si je me souviens bien.
SupprimerCela faisait longtemps que je ne m'étais pas plongée dans une saga, et cette période, quoique terrible, est passionnante. C'est donc avec un certain plaisir que je me suis laissé emporter :-)
Une lecture tentante, si toutefois j'arrive à lui faire une place.
RépondreSupprimerL'éternel problème... ;-)
SupprimerLe bandeau et ton billet sont alléchants.
RépondreSupprimerLe bandeau est sur Belle-Amie... que j'avais pris beaucoup de plaisir à lire également ;-)
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