jeudi 7 mars 2024

Fabriquer une femme

Marie Darrieussecq
POL, 2024


De cette auteure, je n’avais plus rien lu depuis… Truismes, son premier roman paru en 1996. Et pour cause, malgré le bruit qu’il avait fait à l’époque, il ne m’avait guère convaincue et son style m’avait semblé sans relief. Toutefois, ayant eu l’occasion d’entendre à plusieurs reprises Marie Darrieussecq parler de son dernier roman, j’ai eu envie de retenter l’expérience. D’autant que s’ajoutait à un sujet qui me touche et m’intéresse particulièrement un retour sur les années de mon adolescence - étant de la même génération que l’auteure - qui n’était pas pour me déplaire. 


Nous voici donc ramenés dans les années 80 pour suivre les cheminements respectifs de deux amies aussi dissemblables que possible : Rose et Solange. Côté architecture générale de l’ouvrage, ne vous attendez pas à un travail d’orfèvre. On reste basique simple : grand un, Rose ; grand deux, Solange.


Rose, donc. Une jeune fille qui a choisi son mari dès ses années collège (ou même de primaire ?), ce dont elle ne démordra pas en dépit des diverses attirances qu’elle éprouve - et de l’extrême banalité du garçon qui nous est dépeint. Autant dire que les 150 premières pages du roman sont d’un ennui abyssal. 


Heureusement, Solange nous apporte ensuite une matière romanesque un peu plus consistante : enceinte à quinze ans, elle quittera son village basque natal pour gagner Paris, puis Londres et enfin Los Angeles - laissant au passage son bébé sur les bras de sa propre mère - pour mener une médiocre carrière d’actrice. L’occasion pour l’auteure d’évoquer pêle-mêle l’attraction de la capitale anglaise, les Bains Douches, les stars de l’époque, la peur du sida… N’étaient les souvenirs qui me sont remontés en mémoire, je n’aurais, je le crains fort, pas trouvé beaucoup plus d’intérêt à cette seconde partie. Ces portraits d’adolescentes m’ont en effet semblé terriblement creux - et le titre du roman, de ce fait, bien emphatique. Quant au style de l’auteure, constitué d’un enchaînement de phrases courtes, sans profondeur, il ne m’a pas plus touchée qu’à la lecture de Truismes. 


Prochaine tentative dans vingt-cinq ans ? Malgré toute la sympathie que j'ai pour l'auteure, rien n’est moins sûr…

 

10 commentaires:

  1. Je garde personnellement un bon souvenir de Truismes (mais ça remonte aussi à très très loin..) et j'ai bien aimé Nos vies dans les forêts, que j'ai trouvé original. Celui-là me fait envie, mais sans urgence, et j'ai cru comprendre qu'elle y reprend des personnages déjà évoqués dans de précédents romans ?

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    1. J'ai cru le comprendre aussi. Mais n'ayant rien lu d'elle depuis Truismes... Quoi qu'il en soit, ne pas connaître ces personnages ne gêne pas la lecture.

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  2. Ses romans ne m'ont jamais attirée au point de les lire .. et les années 80 ne sont pas celles de ma jeunesse. Vu ton avis, je vais donc passer sans regret.

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    1. C'est sûr, ce n'est pas mon commentaire qui va te pousser à la lecture !

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  3. Je n'aurais pas dépassé les 150 pages d'ennui abyssal ! Il me semble avoir commencé un de ses romans, il y a pas mal d'années, et... c'est tout !

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    1. L'auteure m'avait vraiment donné envie. Je voulais en avoir le coeur net. Je crois que la question est définitivement réglée ;-)

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  4. Une bonne distance entre deux lectures de cette autrice ;-)

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  5. Je n'avais pas du tout aimé Truismes abandonné en cours de route, ce qui m'arrive rarement. J'avais beaucoup aimé le Bébé, qui décrivait comme jamais selon moi l'état de dépossession de son corps après l'accouchement et la manière dont la société assigne les femmes à un rôle. Je viens de finir le livre qu'elle a écrit sur Paula Becker, Vivre ici est une splendeur, très intéressant sur une figure d'artiste peintre oubliée.

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    1. Peut-être ne suis-je pas tombée sur les bons, alors. Mais malheureusement, je n'ai pas du tout envie d'y retourner.

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