Autrement, 2012
Traduit de l'américain par Olivier Philipponnat
☀ ☀
Florence au bord du gouffre.
Paru aux Etats-Unis en 1967 - l'année qui suivit les événements - ce livre était curieusement resté inédit en France jusqu'en 2012. L'auteur d'Inconnu à cette adresse y relatait la crue de l'Arno survenue tandis qu'elle résidait à Florence.
Moi qui suis une grande amoureuse de l’Italie - d’où ma participation enthousiaste au mois italien d'Eimelle ! - et qui ai effectué plusieurs séjours à Florence, j’avoue être restée très longtemps ignorante de cette catastrophe. On ne peut qu’être saisi d’effroi à l’idée des dégâts et des pertes engendrés par cette inondation et l’on tremble à l’idée que tant de chefs-d’oeuvre pourraient disparaître à jamais.
Moi qui suis une grande amoureuse de l’Italie - d’où ma participation enthousiaste au mois italien d'Eimelle ! - et qui ai effectué plusieurs séjours à Florence, j’avoue être restée très longtemps ignorante de cette catastrophe. On ne peut qu’être saisi d’effroi à l’idée des dégâts et des pertes engendrés par cette inondation et l’on tremble à l’idée que tant de chefs-d’oeuvre pourraient disparaître à jamais.
Parce qu’elle était sur place, Kressmann Taylor a écrit un texte empreint d’émotions, au plus proche de l’événement et de la manière dont les habitants l’ont vécu. De la veille, où le ciel se faisait menaçant, aux semaines qui suivirent, on accompagne les Florentins dans leur désarroi, mais aussi leur courage et leur pugnacité. Car c’est à cela que s’attache tout particulièrement l’auteur : elle rend hommage à une population qui s’est révélée digne et combative dans l’adversité.
Au lendemain de la catastrophe, c’est une ville dévastée que découvrent les Florentins. Non seulement l’eau a tout emporté sur son passage, charriant avec elle limons et mazout, privant les habitants d’électricité et d’eau potable, mais la boue s’est désormais déposée de toute part et recouvre nombre d’œuvres d’art et de manuscrits. La Bibliothèque nationale, en particulier, située à proximité du fleuve, enregistre des pertes abyssales. Des milliers de livres et de manuscrits enluminés sont gorgés d’humidité. Tous ne pourront être sauvés...
Florence se transforme alors en une sorte de laboratoire expérimental : jamais on n’a eu à traiter des œuvres ayant été touchées par des nappes de mazout. Il faut imaginer des traitements inédits et espérer que ceux-ci fonctionnent. Espérer. C’est ce que ne cessent de faire les Florentins et c’est ce qui les porte : «esperiamo» ne cessent-ils de répéter, alors que nombre d’entre eux ont tout perdu et n’ont plus de quoi se vêtir, se nourrir et parfois se loger. Mais ils ne perdent pas pour autant leur foi en l’avenir ni leur sens de l’humour. Un homme à qui l’on demandait s’il y avait beaucoup d’eau chez lui put ainsi répondre : «Oh non, vous savez, l’appartement n’est pas bien grand !».
Des étudiants, étrangers et italiens, viennent de tout le pays pour aider à sauver ce qui peut l’être. On assiste à une mobilisation internationale pour venir en aide à ce peuple meurtri. L’émotion est à son comble : au-delà des victimes - on déplorera trente-quatre morts -, des dégâts matériels et des ravages économiques, l’idée que des œuvres appartenant au patrimoine de l’humanité, qui sont notre mémoire et le témoignage tangible de notre histoire, puissent être irrémédiablement détruits apparaît comme un véritable désastre.
Si ce drame, qui fut d’abord humain, peut aujourd’hui encore, rétrospectivement, nous affecter, c’est bien parce que Florence est un lieu unique qui, par ses trésors, incarne une part de chacun de nous, un moment de notre Histoire. Lorsque des réalisations humaines sont détruites, que cela soit d’origine accidentelle ou criminelle, c’est comme si l’on nous privait de nos repères et de tout un pan de ce qui fait notre identité. C’est sans doute ce qui explique que cela puisse être aussi douloureux. Et c’est aussi pourquoi, aujourd’hui encore, bien des années après le drame, ce livre nous fait encore trembler.
je ne savais pas qu'il avait écrit sur ce thème, dont j'avais entendu parler quand j'avais visité Florence, merci!
RépondreSupprimerAttention, l'auteur est une femme! ;-)
SupprimerCe livre donne une excellente vision de ce que ce drame a pu être...
J'avoue que je ne connaissais pas cette catastrophe, ou ne m'en souvenais plus. Quels dégâts, c'est épouvantable !
RépondreSupprimerOn a du mal à imaginer que cette ville ait pu connaître pareille catastrophe ! Je ne l'ai appris que très récemment, il y a un an ou deux...
SupprimerOh mais c'est à lire! Cette catastrophe, j'en ai entendu parler...
RépondreSupprimerOui, c'est vraiment à lire si on aime Florence. La ville ne garde plus de trace de ce drame, heureusement ! Mais des oeuvres et des livres précieux ont néanmoins été perdus...
SupprimerJe suis allée à Florence deux ou trois ans après cette catastrophe, les traces étaient encore extrêmement visibles et la population traumatisée, même s'il y a avait eu déjà beaucoup de travail de fait (notamment à la Galerie des Offices). J'ignorais l'existence de ce livre.
RépondreSupprimerCe livre n'est pas du tout connu, effectivement. Peut-être n'a-t-on pas très envie de se rappeler de ce douloureux événement... C'est en tout cas un témoignage très fort.
Supprimerj'ai lu et chroniqué ce livre car Florence reste un de mes meilleurs souvenirs de voyage et partout on voit encore les marques de la montée des eaux
RépondreSupprimerCe livre raconte bien l'effroyable, la peur et le système D des italiens pour s'en sortir
j'avais beaucoup aimé ce témoignage
Je vais essayer de retrouver ton commentaire, Dominique.
SupprimerSans doute reste-t-il des traces, en effet, mais elles ne sont pas immédiatement perceptibles et lorsqu'on est au contact de toutes ces oeuvres, dans les musées, les églises, comme à ciel ouvert, on n'imagine pas un tel drame. Le travail de sauvegarde et de restauration a sans doute été colossal.
Je n'ai jamais entendu parler de cette catastrophe moi non plus. Et je n'est jamais lu Kressmann Taylor, voila donc deux raisons pour que je me laisse tenter.
RépondreSupprimerDeux - bonnes - raisons, en effet !
SupprimerTu sais que ça me fait bizarre de lire ton billet, juste au moment, ou à quelques encablures de l'Italie, on a aussi une ville qui a beaucoup perdu, des morts bien sûr mais aussi des familles qui ont vu engloutir jusqu'à leur photo de famille dans une vague de boue. Alors ça résonne bizarrement tu vois ...
RépondreSupprimerJe l'imagine... On se sent toujours impuissant lorsque les éléments de déchaînent.
Supprimer