mardi 10 janvier 2023

Indépendance

Javier Cercas
Actes Sud, 2022


Traduit de l’espagnol par Aleksandar Grujicic et Karine Louesdon



Avec Indépendance, Javier Cercas poursuit la trilogie entamée avec Terra Alta, où il s’essayait au roman policier… sans toutefois en adopter tous les codes. S’il y avait bien crime, c’est moins la recherche du coupable que l’environnement dans lequel il avait été perpétré qui intéressait l’écrivain. A travers l’enquête, c’est une Espagne marquée au fer rouge de la guerre civile et une Catalogne caractérisée par le contraste entre sa riche capitale régionale et un arrière-pays rural beaucoup plus pauvre et figé dans une forme d’inertie qu’il s’attachait à dépeindre.


Il reprend ici ce portrait en mettant l’accent sur la corruption des élites économiques et politiques marchant main dans la main - ce qui n’exclut en rien la violence des rapports. C’est aussi l’occasion d’évoquer les velléités d’indépendance de la région et les manoeuvres qui y sont liées - sans que celles-ci apparaissent parfaitement claires pour le lecteur peu au fait de cette question. A une enquête relative à la tentative de chantage à la sextape exercée sur la maire de Barcelone, présentée comme une arriviste ayant renié ses convictions pour parvenir à gagner les suffrages des électeurs, se mêle toujours l’histoire du héros Melchor, hanté par le meurtre de sa mère survenu lorsqu’il était enfant et resté non résolu. 


Autant j’avais apprécié le premier volet de cette entreprise littéraire, autant j’ai été moins convaincue par le deuxième, les deux fils narratifs m’ayant paru assez grossièrement noués, tout comme les différents protagonistes m’ont semblé un peu caricaturaux. En outre, Cercas, qui place au coeur de ses écrits la question du rapport qu’entretiennent fiction et réalité, ne peut s’empêcher d’y faire allusion ici, mais d’une manière beaucoup moins fine et pertinente qu’à son habitude, ce qui apparaît ainsi davantage comme une sorte de tic littéraire…


Je reste néanmoins curieuse de savoir de quoi sera faite la dernière partie de ce triptyque, Melchor ayant résolu l’énigme de la mort de sa mère et décidé de renoncer à sa carrière de policier pour embrasser celle de bibliothécaire. A moins que Cercas n'ait décidé de mettre un point final de manière anticipée aux aventures de son héros...



  

 




6 commentaires:

  1. Le premier ne me tentait déjà pas beaucoup, ton bémol sur le deuxième ne m'encourage guère.

    RépondreSupprimer
  2. J'avais plutôt aimé le premier, mais pas eu très envie de lire celui-ci... tu confirmes donc ma première impression.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai eu la nette impression que Cercas se sentait un peu prisonnier de son sujet et de son projet. C'est pourquoi, je pense, il a mis un terme à la carrière de son héros et aux interrogations quant à la fin de sa mère plus tôt que prévu. Sauf à ce qu'il réinvente quelque chose de très différent pour un troisième volet, je ne serais pas étonnée qu'il revienne à des textes plus proches de ce qu'il écrit habituellement et avec tellement de talent.

      Supprimer
  3. On peut se contenter du premier alors... que j'avais noté mais je croule sous les titres...

    RépondreSupprimer
  4. J'attends d'avoir ton avis sur le 3e et dernier volet. J'espère que le dernier tome sera meilleur.

    RépondreSupprimer