jeudi 22 septembre 2022

En salle

Claire Baglin
Minuit 2022



La salle dont il est question dans ce roman est celle d’un restaurant MacDonald. Le livre s’ouvre sur l’entretien d’embauche que passe la narratrice pour y décrocher un job. Mais les postulants sont nombreux et la jeune femme doit trouver les arguments qui vont jouer en sa faveur. Comment convaincre que l’on n’est qu’enthousiasme à l’idée de servir des burgers à tour de bras avant de sortir des poubelles débordant de déchets ? En convoquant peut-être ses souvenirs et la joie qu’on éprouvait enfant à aller au fast-food en famille…


Ainsi s’amorce un récit qui ne va cesser de mêler intimement l’expérience de la narratrice en tant qu’employée de restauration rapide et des scènes de son enfance révélant une origine modeste où se dessine la figure d’un père ouvrier. 


Les deux univers se font écho au sein d’un texte extrêmement poreux, le passage de l’un à l’autre n’étant marqué que par des changements de paragraphe se succédant à un rythme rapide. Aux cadences intenables, aux gestes répétitifs, à l’absurdité des consignes et à l’absence de sens font contrepoint la fierté d’un savoir-faire, le sentiment d’accomplir une tâche utile, mais aussi une forme d’usure due à des conditions de travail difficiles et à des normes de sécurité insuffisamment respectées.


La peinture du travail dans la restauration rapide et ses conséquences sur les individus sont très bien représentées, de même que le ballet de ces employés interchangeables qui n’acquièrent nulle compétence valorisable dans d’autres secteurs d’activité et se voient ainsi privés de perspectives d’évolution professionnelle.


Pour autant, on ne découvre pas grand chose que l’on ne sache déjà. Mais surtout, je n’ai pas bien saisi où l’auteure voulait en venir en associant à son héroïne la figure paternelle. Voulait-elle démontrer que provenir du milieu ouvrier vous condamne à des métiers peu qualifiés ? Que la classe ouvrière est remplacée par une nouvelle forme de prolétariat ? Que le travail, quelle que soit la forme qu’il prend, reste toujours aussi aliénant ? Un peu tout cela à la fois, je suppose… 

Pour ma part, je suis restée un peu sur ma faim : si ce roman est tout à fait respectable, j’ai déjà lu sur le travail des textes beaucoup plus convaincants que celui-ci.


5 commentaires:

  1. C'est un bon sujet, mais c'est vrai qu'à moins de se boucher les deux oreilles on est bien au courant maintenant des coulisses. Eventuellement, si je le vois à la bibliothèque, je tenterai.

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  2. Pas très tentée malgré de bons échos (notamment encore de Libé, je te soupçonne de les avoir lus tout l'été ;-) )

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    1. :-D Même pas ! Mais peut-être que je devrais m'y mettre !!!

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