vendredi 2 juin 2017

Les jours enfuis

Jay McInerney

L’Olivier, 2017


Traduit de l’américain par Marc Amfreville


Cinquante ans et des poussières...

Après Olivier Rolin, Jay McInerney est l’un des tout premiers auteurs contemporains que j’ai lus et qui m’a marquée. Ces deux-là, dans des styles fort différents, m’ont convaincue qu’il valait la peine de s’aventurer au-delà des frontières littéraires du XIXe siècle. C’est dire si j’éprouve une tendresse particulière pour cet écrivain. Lorsque j’ai lu Trente ans et des poussières, j’avais quelques années de moins que ses deux héros Corrine et Russell. Mais, même si mon souvenir est aujourd’hui un peu flou, je crois que ce couple était emblématique de l’époque dans laquelle il s’inscrivait, tout en portant les espoirs et les doutes de tout être qui entre dans la vie. 
Une quinzaine d’années plus tard, McInerney a voulu retrouver ses personnages. Les temps avaient changé, les individus aussi. Dans La belle vie, le 11 Septembre les frappait de plein fouet. Le lustre de ce couple de désormais quadra s’était progressivement étiolé. Et le choc collectif de l’attentat venait se superposer à la crise de la quarantaine, aux questionnements propres à cette période de la vie.

Après ces deux opus, on est plus que familier avec cette femme et cet homme à présent parents de pré-ado, aux prises avec les difficultés professionnelles, faisant face à l’usure du couple. C’est une réelle joie de les retrouver, et il est réconfortant de partager le quotidien de ces héros qui ont vieilli en même temps que nous. 
MacInerney a choisi de situer l’action à un autre moment clé de l’histoire contemporaine  des Américains, fin 2008, lors de l’élection de Barack Obama. On est ainsi pris à témoin des dissensions qui existent au sein de la société américaine.
C’est également pour McInerney l’occasion de nous dépeindre le New York d’aujourd’hui, bien différent de celui des années 80 et 90. Comme à Paris, la gentrification en a profondément modifié la physionomie.

Vous l’imaginez aisément, le ton et l’ambiance, évidemment, ne sont plus les mêmes que dans le premier volume. Il y a un fond de nostalgie qui s’exprime de manière particulièrement élégante, ai-je trouvé, dans la toute dernière page du roman. Mais il y a aussi beaucoup d’énergie, le mouvement de la vie. Et puis, un humour qui fait de certaines scènes de véritables petits bijoux. Surtout, il y a une profonde empathie de l’auteur avec ses personnages, qui les rend tous - même les plus frivoles - attachants.

J’espère vraiment les retrouver à nouveau, à l’aube cette fois, de la soixantaine. McInerney ne s’interdit pas d’ailleurs d’y penser, nous a-t-il avoué lors d’une très belle rencontre dans une librairie parisienne. 

Rendez-vous est pris !


Le 12 mai dernier, à la librairie Atout Livre

16 commentaires:

  1. Prochaine lecture, après le dernier de Lionel Shriver. Hâte de retrouver Corrine et Russell.

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    1. Ah quant à moi, le Shriver ne devrait plus tarder à être extrait de ma pal ;-)

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  2. Je n'en ai lu aucun ; je pense qu'il est peut-être préférable de les prendre dans l'ordre.

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  3. Je me souviens avoir lu La belle vie, enfin, je ne m'en souviens guère, il ne m'a pas marquée ni passionnée...

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    1. Il m'a moins marquée que Trente ans et des poussières, c'est vrai. Mais je trouve vraiment intéressante l'évolution des personnages. Et j'aime l'ambiance qui règne dans ces livres...

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  4. Je ne connais pas mais suis très tentée ! Tout à fait le genre de lecture que j'aime.

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  5. Ce sera l'une de mes prochaines lectures et j'ai hâte de retrouver les héros que j'avais bien aimé, notamment dans "La belle vie". Un écrivain aussi talentueux que Jonathan Franzen quand il écrivait "Les corrections" ou "Freedom".

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    1. C'est tout à fait dans la continuité.
      Pour ma part, je n'ai pas lu Franzen et ne peux donc pas comparer...
      Bonne lecture !

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  6. Je n'ai lu que La belle vie, et je n'ai pas accroché du tout. D'ailleurs il ne m'en reste pas grand chose. Je n'ai jamais réussi à aimer ses personnages ni à m'y identifier. Je crois pas que je vais me jeter sur celui-ci.

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  7. Encore jamais lu cet auteur, qui ne m'attirait pas du tout! j'avais l'impression que c'était une sorte de Beigbeder américain, un brin poseur et superficiel...bon, si tu me dis que tu le considères comme un auteur majeur, je révise bien sûr mon jugement!

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    1. Un auteur majeur, je ne sais pas. Mais il y a beaucoup de sincérité dans ses livres, je trouve. Surtout dans cette trilogie. Et une vraie acuité du regard. Mais c'est vrai que j'ai découvert les personnages de Corrine et Russell voici plus de vingt-cinq ans et que j'ai vieilli en même temps qu'eux. Je crois que ça compte dans mon appréciation.
      Quant à Beigbeder, j'ai été très très surprise par la qualité de ses textes, alors que, comme toi, je trouvais le personnage absolument insupportable ;-)

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  8. Ton billet est très beau, tu donnes envie d'en savoir plus sur cet auteur! Ce sont des suites alors? il vaut mieux commencer par le premier? "Trente ans et des poussières" ça me parle, forcément :D

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    1. Merci Laeti !
      En ce qui concerne ces romans, oui, même s'ils peuvent sans doute se lire indépendamment, je pense qu'il est quand même préférable de les lire dans l'ordre. Il y a vraiment une évolution des personnages, et des références à des événements passés (même si, vu le temps qui s'est écoulé, j'en avais oublié certains ;-) )

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