dimanche 15 mai 2016

Trois jours avec Norman Jail

Eric Fottorino

Gallimard, 2016



Une rencontre manquée...

Alors là, je suis très, mais vraiment ce qu’on appelle très ennuyée... 
Ce livre m’attendait depuis quelque temps dans ma bibliothèque et je me délectais par avance de sa lecture. Il faut dire que j’avais été allègrement appâtée par Papillon, une blogueuse que j’apprécie particulièrement, dont les goûts et la sensibilité littéraires sont très proches des miens.
Au moment précis où je m’apprêtais à l’ouvrir, Eva, autre blogueuse de confiance, publiait un billet émettant de sérieuses réserves à son égard.  

C’est donc extrêmement intriguée que je me suis lancée à la découverte de ce dialogue entre une jeune étudiante en lettres et un vieil écrivain reclus n’ayant publié qu’un seul livre, mais continuant pourtant inlassablement à écrire, sans jamais terminer aucun texte.
Une réflexion sur la force de la littérature, sur l’écriture, sur le jeu entre fiction et réalité, voilà ce que je m’attendais à trouver. Je pensais que l’auteur allait jouer avec la lectrice que je suis, m’entraîner dans l’illusion, me perdre dans les méandres de la fiction pour mieux me ramener vers l’élaboration du texte que j’étais en train de lire. 

Or, j’ai été immédiatement irritée par le ton du livre. Fottorino m’a infligé des pages et des pages de formules prétendument brillantes sur l’écriture, qui m’ont paru n’être qu’un épouvantable et long catalogue de lieux communs. Le personnage de Norman Jail, qui a une très haute opinion de lui-même, m’a semblé d’une arrogance insupportable. 
Alors que la littérature est pour moi un objet de passion, donnant lieu à des discussions enflammées, j’ai trouvé ce texte terriblement froid, très impersonnel et, je dois dire, un peu prétentieux et très creux. 
Et lorsque au deux tiers du livre environ, Fottorino embraye sur une intrigue propre à son roman pour se livrer enfin à quelque chose d’un petit peu plus complexe et construit, je ne suis pas rentrée dans son jeu. C’était trop tard, il m’avait laissée à quai...

Je sais, lorsqu’on a vraiment aimé un livre, combien on a à cœur de partager son enthousiasme et que rien n’est plus attristant que de découvrir qu’il a suscité le rejet. Dans un très intéressant billet, Kathel s’interrogeait à juste titre récemment sur les raisons pour lesquelles un livre encensé pouvait provoquer la déception. Je crois en effet, comme elle le dit, que la question de l’attente est déterminante. Peut-être attendais-je trop de ce livre - à la quatrième de couverture remarquablement troussée ! La chute n’en aura été que plus rude... 

Quant à Papillon, avec qui j’ai déjà pu avoir une très jolie causerie littéraire, nous nous sommes promis de nous revoir prochainement pour confronter nos avis. Je me réjouis de la retrouver et je me dis que ce livre aura au moins le mérite de provoquer un échange qui promet, lui, d’être enflammé ! 


Tout comme Papillon, Clara l'a énormément apprécié




22 commentaires:

  1. En effet, nos avis sont complètement opposés.

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    1. C'est toujours surprenant de voir à quel point un livre peut donner lieu à des visions aussi différentes !

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  2. Ce qu'il y a, c'est que tu en attendais quelque chose de bien précis, tu le dis toi-même ! Mais c'est tout de même étonnant comme entre deux lectrices de goûts aussi proches que Papillon et toi, l'une peut adorer, et l'autre trouver ça froid et prétentieux ! ;-)

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    1. Tu as absolument raison, Kathel. C'est pour ça qu'il faut qu'on en parle, Papillon et moi. C'est la première fois qu'on a des avis aussi diamétralement opposés !

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  3. On n'en finira jamais de discuter sur ce qui peut faire ou pas que nous aimions un livre. En plus, je suis persuadée que ça dépend des moments. Un livre que nous rejetons aujourd'hui nous séduira peut-être dans 15 ans, va savoir ...

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    1. C'est vrai, Aifelle. Il m'arrive d'abandonner la lecture d'un livre non parce que je le trouve mauvais, mais parce qu'il ne correspond pas à ce que je recherche à ce moment précis.

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  4. Je rejoins Aifelle : le lieu, le moment, l'époque où on le lit .. je l'ai vu avec ceux qui lisent Salinger à l'âge "adulte" et ne découvrent pas Holden Caufield au même âge que le héros .. l'expérience est tout à fait différente. Après, je partage pas mal de lectures avec Hélène, et comme dernièrement, je suis aussi surprise quand on arrive à des constats très éloignés .. Mais c'est ce qui fait tout l'intérêt de la littérature !

    Merci pour ce billet où je retrouve ici l'avis d'Eva que j'avais lu également.

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    1. Bien sûr, la lecture est une expérience personnelle qui résulte d'un grand nombre de facteurs. Et il est normal qu'un livre ne plaise pas à tout le monde.
      Ce qui est troublant c'est lorsque la proximité littéraire que connaissent deux personnes se voit soudain rompue. Papillon et moi-même avons fait deux lectures extrêmement différentes de ce livre. En tout cas, nous n'avons pas ressenti la même chose. A lire nos billets, on pourrait croire que nous ne parlons pas du même livre ! Très étonnant...

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  5. Effectivement, j'ai vu des avis très partagés, ce qui explique sûrement pourquoi, malgré une forte envie compte-tenu du thème, il n'a toujours pas rejoint ma pile et est resté à l'état de projet. Ton avis a le mérite d'être clair et tranché, et j'avoue qu'il me refroidit un peu... On verra.

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    1. J'avoue que j'aimerais bien avoir ton avis sur ce texte... Si tu veux, je te le passerai.

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    2. OK, gardons ça en tête pour notre prochaine rencontre ;-)

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  6. bon, je me sens moins seule du coup...

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    1. Je dois même être encore plus sévère que toi, je crois. C'est vrai que ça m'avait étonnée de voir ton avis après celui de Papillon. Je trouve incroyable de voir à quel point nous n'avons pas reçu ce texte de la même façon...

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    2. oui je suis très étonnée également de voir à quel point les avis sont opposés...on ne parle pas ici d'avis mitigés mais bien de coups de coeur vs coups de griffe... Très étrange !

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  7. J'aime bien les avis dissonants, c'est toujours bon signe je trouve quand un livre divise.

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    1. Eh bien là, tu es servi ;-)
      Mais je te rejoins : il est beaucoup plus intéressant, stimulant, voire amusant, de "s'écharper" autour d'un livre que de faire consensus.

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  8. Quel dommage ! Le sujet avait l'air tellement enthousiasmant !

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    1. Oui, le sujet ne peut que faire saliver les lecteurs que nous sommes...
      Ceci étant dit, ce n'est que mon avis. As-tu lu celui de Papillon, vers lequel j'ai mis un lien ?

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  9. Commencé parmi tant d'autres. Pour l'instant j'aime bien, affaire à suivre ;-)

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    1. Ah Ah ! Affaire à suivre en effet... Les avis sont si partagés !
      J'ai hâte de découvrir le tien !

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  10. Bon. J'ai attendu d'avoir l'esprit complètement libre pour venir te lire... Je te trouve vraiment très dure sur la première partie, qui m'a totalement enchantée... J'y ai lu de la douleur et de l'obsession et pas du tout des lieux communs. Pour moi, c'est un livre que l'écriture avant tout, sur le désir toujours raté de faire un grand roman et de recommencer inlassablement... Mais pour aller dans le sens de Kathel, quand je l'ai lu, je n'avais lu aucun avis, et je n'avais jamais lu Fottorino, c'est le thème qui m'a attirée... Bon il faut effectivement qu'on en reparle (comme du Moutot que j'ai laissé tomber..)

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    1. Un prêté pour un rendu ;-)
      En tout cas, je suis contente de te lire. J'avais peur que tu sois un peu vexée... Tu as raison, je suis sévère, j'en ai bien conscience. Mais vraiment, il y a certaines phrases, et en assez grand nombre, que je trouve très convenues.
      De belles discussions en perspective, en tout cas. Et ça, ça me réjouit !

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