samedi 5 décembre 2015

Nous, Louis, roi


Eve de Castro

L’Iconoclaste, 2015



Quand le roi dépose sa couronne et son hermine.

En ce moment, je suis plutôt en berne côté lectures. Je lis, bien sûr, mais j’ai quand même beaucoup de mal à lâcher prise pour me laisser porter par les textes. Et ce que je lis, je n’ai guère envie de le commenter (il faut dire que mon dernier livre était très décevant et les quelques lignes que j’ai pu écrire étaient tellement cinglantes que j’ai préféré renoncer à les publier…). Bref, le cœur n’y est pas vraiment, mais j’ai toutefois décidé de me lancer.

D’autant que ce texte est un beau texte, fort bien écrit. 
Il y est question des derniers jours de Louis XIV. Ecrit à la première personne, il donne la parole à Louis, non pas au Roi Soleil mais à l’homme qu’il redevient au soir de son existence. Alors que son corps gagné par la gangrène, en pleine décrépitude, lui rappelle sa condition de mortel, le souverain s’autorise enfin à tomber le masque et mène une réflexion sur la manière dont il a régné. Il se remémore les moments clé de son existence, évoque ses favorites, son enfance, le moment où il a accédé au pouvoir...

Ce portrait nous propose une image différente de celle que nous est transmise par les manuels d’histoire grâce au parti qu’a pris l’auteur de faire parler son personnage à la première personne. 
Il nous propose également une réflexion sur l’exercice du pouvoir. Bien sûr, celui-ci est d’une forme particulière puisque Louis XIV incarne la monarchie absolue, où toutes les décisions sont concentrées entre les mains d’un seul homme. Mais ce qui est intéressant, il me semble - et assez contemporain pour le coup -, c’est ce qui est dit de l’image. Tout se passe comme sur la scène d’un théâtre. Le narrateur a parfaitement compris ce qu’il pouvait obtenir par la force de quelques effets. Le premier et le plus décisif de ses gestes aura été l’annonce de sa volonté de gouverner seul, sans premier ministre. Il en a préalablement réglé tous les détails pour marquer les esprits et ne pas laisser place ni au doute ni à la moindre tentative de résistance... avec le résultat que l’on sait.

En endossant le costume d’Apollon, Louis a imposé une nouvelle manière de régner. Ce rôle, il l’a tenu sans relâche : du lever au coucher, tout était prétexte à montrer son personnage, le faisant ainsi de facto exister. 

Au soir de sa vie, il ôte enfin le costume qu’il s’apprête à léguer à son arrière-petit-fils. Le rideau tombe. Le roi est mort. Vive le roi.



6 commentaires:

  1. Oh la la, ça me parait bien périlleux pour une femme aujourd'hui de se glisser dans Louis XIV agonisant... la psychologie présentée n'est-elle pas trop moderne ? Tu as cru à cette voix ?

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    1. Oui, bien sûr elle est moderne. Mais c'est néanmoins crédible et intéressant, en raison, je pense, de la qualité de la langue et de l'atmosphère que l'auteur parvient à installer.

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  2. C'est sûr qu'aujourd'hui Louis XIV aurait très bien su exploiter les médias et les mettre dans sa poche !! (je suis curieuse de savoir quel est le livre que tu voulais assassiner ..)

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    1. Je me disais bien, en l'écrivant, que cette phrase susciterait quelque curiosité... Alors, sans m'étendre sur la question, je te livre le secret : Recherche femme parfaite, pourtant publié par ce que je considère être un excellent éditeur : Grasset.

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  3. Pourquoi pas (en souvenir de mes années versaillaises ;) ), s'il croise mon chemin !
    (et pour "Recherche femme parfaite", ça pourrait malgré tout être intéressant de publier ton avis, pour nuancer les éloges dithyrambiques que j'ai pu lire à son sujet, mais je te comprends, moi aussi je n'ai pas forcément envie de me lancer dans la rédaction d'une critique négative)

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    1. Il m'arrive de publier des critique négatives, mais disons que depuis le 13 novembre mon esprit est assez noir et je pense que j'ai tendance à noircir les choses. Et là, mon avis était sans doute trop expéditif. En gros, je trouve que l'auteur ne dit pas grand chose, en dehors de quelques clichés, de la condition des femmes, et que ses personnages sont caricaturaux et pas du tout étoffés. Franchement, ça ne va pas loin du tout. Et en plus, ce n'est pas bien écrit...
      Effectivement, j'ai lu quelques avis enthousiastes - qui m'ont d'ailleurs donné envie de lire ce livre -, et j'ai été plus que déçue.

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