samedi 22 novembre 2014


Retour à Little Wing

Nickolas Butler

Autrement, 2014


Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Mireille Vignol
 

Un livre-doudou, qui déborde peut-être un peu trop de bons sentiments...

L’auteur nous plonge dans une petite ville de l’Amérique profonde pour nous faire partager la vie simple de quelques-uns de ses habitants qui se connaissent depuis l’enfance. Butler nous parle d’enracinement, de l’attachement viscérale à une terre que la plupart n’ont jamais quittée. Il nous parle également d’amitié, du lien qui unit parents et enfants, d’amour, bref de choses élémentaires et universelles.

J’avoue que je suis assez mitigée au sujet de ce livre. A le lire, les bons sentiments, la loyauté, la fidélité, la sincérité apparaissent comme les valeurs les plus communément partagées par la population de cette petite ville - par opposition, d’ailleurs, à la société new-yorkaise, incarnée par le personnage de Chloé, une actrice en vogue, totalement artificielle et pleine de faux-semblants. 

Il y a un côté réconfortant à passer un moment dans cet univers où l’entraide, le dialogue et la compassion font loi. Mais trop c’est trop. Comment croire à tant de bons sentiments ? Comment croire que les difficultés soient aussi facilement résolues (les frais de santé faramineux de l’un des personnages payés par son meilleur ami, certes fortuné puisqu’il est une vedette de la chanson, mais qui rachète aussi pour 1 million de dollars l’entreprise en faillite d’un autre «ami» pour lequel il n’a pourtant pas de véritable estime ; les conditions de vie des fermiers qui peinent à sortir la tête de l’eau sont tout juste suggérées, mais sans finalement être approfondies, comme si ça ne comptait pas vraiment... ). J’en passe et des meilleures.

Honnêtement, à l’heure où de plus en plus de personnes sont laissées sur le carreau, où l’individualisme se développe, où ceux «qui ont la chance d’avoir un boulot» sont littéralement essorés et où les batailles sont âpres dans les entreprises pour tenter de conserver les quelques acquis qui nous restent, en un mot à l’heure où notre quotidien est de plus en plus violent, ce livre a une petite saveur guimauve qui en irritera certains et qui agira sur d’autres comme un baume, c’est selon... (c'est en tout cas ce que j'ai constaté autour de moi).

J’ai d’ailleurs été frappée par l’avis d’Olivier Adam, cité en quatrième de couverture: il a pour sa part trouvé le livre magnifique. Pourtant pas exactement sa veine, si ce n’est qu’il parle lui aussi de la vraie vie des vrais gens. Comme quoi son âme n’est sans doute pas si noire que certains voudraient le croire... mais pour ma part cela fait bien longtemps que j’en suis convaincue !

7 commentaires:

  1. Un livre doudou, oui... c'est un peu l'effet que ça m'a fait ! Je n'ai pas trouvé les difficultés des fermiers à peine esquissées, pour ma part, elles me restent bien en mémoire comme l'un des éléments essentiels de cette petite ville et puis vers la fin, c'est un peu moins teinté de bons sentiments, non, avec entre autre , l'histoire des oeufs ? ;-)

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    1. Ben en fait, là encore, j'ai trouvé que le personnage qui leur tire dessus arrivait un peu de nulle part, et qu'il était en tout cas lui aussi bien caricatural avec sa belle voiture, sa capuche et sa façon de parler...
      Mais je comprends que l'on puisse être sensible à ce côté "doudou". Je connais en tout cas plusieurs personnes qui l'ont été !

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    2. Je ne pensais pas vraiment au mec qui leur tire dessus mais aux rapports qui dégénèrent entre les 2 principaus personnages !

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  2. J'ai aimé, sans adorer, et n'ai pas été gênée par les bons sentiments. Il y en a, certes, mais ça fait du bien de temps en temps. C'est amusant ce que tu dis d'Olivier Adam, qu'il ait aimé ce livre doit en effet dire quelque chose d'inattendu sur lui.

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    1. Tu as donc été sensible au côté "doudou", comme pas mal de lecteurs, d'ailleurs. Les livres sont aussi là pour nous faire du bien de cette manière-là parfois !

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  3. Je prends note des bons sentiments, mais j'ai toujours envie de le lire ;-)

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    1. Beaucoup l'ont aimé, Aifelle ! Au moins, tu sais à quoi t'attendre... Je serais curieuse de connaître ton avis.

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