vendredi 3 septembre 2021

Pour que je m’aime encore

Maryam Madjidi
Le Nouvel Attila, 2021



Après le remarquable Marx et la poupée, ce n’est certainement pas ce titre qu’il faut bien qualifier de guimauve qui allait m’empêcher de me ruer sur le deuxième roman de la flamboyante Maryam Madjidi ! Impatiente de retrouver cette voix fougueuse et singulière, je me demandais néanmoins si sa verve et sa fraîcheur seraient toujours au rendez-vous.


Il aura pourtant suffi à l’auteure d’une phrase pour me convaincre d’emblée qu’elle n’avait guère changé de ton. « Adolescente, j’étais franchement laide » lance-t-elle crânement, avant de mentionner son épaisse tignasse ébouriffée. Une chevelure à son image, resplendissante et indisciplinée, révélant à la fois ses origines et son tempérament.


Une chevelure qui lui vaut au collège le surnom de « washing machine » - comme si elle avait passé sa tête à l’essoreuse -, un surnom qui ne sera que le premier d’une série peu amène, mais qui n’empêchera pas la jeune fille de s’affirmer dans une banlieue à laquelle elle rêve pourtant d’échapper. Car elle y croit, à l’idéal républicain, à la progression par le mérite. 

S’accepter malgré les complexes de l’adolescence, gommer les marques trop visibles de ses racines orientales, se fondre dans le paysage d’une banlieue défavorisée tout en ne pensant qu’à gagner Paris, Maryam Madjidi fait le récit de son apprentissage.  

Comme dans son premier livre, elle alterne les souvenirs et les anecdotes, avec ce savant dosage d’ingénuité et de causticité qui n’appartient qu’à elle. Et surtout avec ce sens de la formule qui claque et qui fait mouche (presque) à tous les coups, révélant la violence avec laquelle les ambitions et les espoirs peuvent finir par se fracasser.


Mais c’est aussi ce qui forge une personnalité. Car la femme qu’elle est devenue a décidément du chien et un sacré talent. 





6 commentaires:

  1. Je n'ai toujours pas lu "Marx et la poupée". Je commencerai par lui.

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  2. J'avais beaucoup aimé Marx et la poupée, alors comme celui-ci est dans la même veine, je suis tentée.

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