mercredi 15 septembre 2021

Tout ce qui est beau

Matthieu Mégevand
Flammarion, 2021



Dernier volet d’une trilogie qui avait d’abord retracé l’existence d’un poète, Roger-Gilbert Lecomte, puis celle d’un peintre, Toulouse-Lautrec, Tout ce qui est beau évoque à présent celle d’un musicien, et non des moindres puisqu’il s’agit de Mozart. Le dénominateur commun de ces trois livres ? Je dirais - et bien que n’ayant pas lu le premier volume - une tentative de cerner ce qui pousse un artiste à la création et la manière dont ses oeuvres sont reçues par le public. 


Comme pour Lautrec, Mégevand a choisi la brièveté, la sobriété, qui confine ici au dénuement. L’auteur s’arrête sur quelques moments permettant de saisir l’essence du personnage : un être animé par un idéal de beauté dont la musique est l’expression qui lui est le plus naturelle. Il rappelle sans toutefois s’y attarder ce que l’on sait tous, que Mozart avait manifesté dès son plus jeune âge des dons exceptionnels, qu’il composait comme il respirait. Mais il relate surtout quelques épisodes intimes, des échanges fugaces entre lui et ses proches pouvant sembler anecdotiques mais qui révèlent pourtant une personnalité et une sensibilité.


On pourrait dire de ce récit qu’il est l’anti-Amadeus, ce formidable film de Milos Forman (mon film culte !) auquel on ne peut s’empêcher de penser tout au long de la lecture et qui a sans aucun doute contribué à diffuser le mythe Mozart et à ancrer dans les esprits l’image d’un individu aussi trivial dans sa vie que raffiné dans son art. Mégevand finit d’ailleurs par le citer explicitement et ne contredit pas Forman. Mais il règle quelques comptes avec lui : là où le réalisateur avait pris le parti de jouer résolument sur les contrastes, opté pour l’exaltation et l’émotion, en un mot fait le choix du romanesque en s’appuyant sur une rivalité supposée entre Mozart et le compositeur officiel de la cour de Vienne Salieri, Mégevand propose un portrait intimiste, tout en nuance et en subtilité, sans doute plus proche de son modèle. Il contribue ainsi à redonner de l’humanité à celui que l’on a élevé au rang d’icône. Et il donne surtout la furieuse envie de réécouter les sublimes compositions dont il est l’auteur.





 

10 commentaires:

  1. ça me tenterait bien mais on ne sait pas trop si tu as aimé ou non...

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    1. Ah bon ? Zut alors ! Parce que je te confirme que j'ai beaucoup aimé ce livre que je trouve plein d'humanité et de subtilité.

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  2. Ce n'est pas tellement ce que j'ai envie de lire en ce moment, mais plus tard, pourquoi pas.

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    1. Je n'insiste pas donc. Mais si tu le croises "plus tard" à la bibliothèque, n'hésite pas ;-)

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  3. Je ne connais ni l'auteur du livre ni l'artiste dont il parle. Ce sera donc une double découverte.

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  4. Mozart ? Mais alors je note vite ce titre ! Merci beaucoup.

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  5. Voilà qui est très tentant ! Merci pour ce partage pour le bilan des coups de coeur.

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    1. Merci à toi de te faire l'écho des nombreux coups de coeur de la blogosphère littéraire.

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