mercredi 1 février 2023

Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du Général

Christophe Donner
Grasset, 2023



Impossible de passer à côté d’un titre pareil ! D’autant que j’avais apprécié le précédent livre de Christophe Donner, La France goy, qui relatait à la manière d’un roman-feuilleton les affres de la France de la Belle Epoque, en proie à un antisémitisme viscéral, et l’histoire d’un journalisme alors en plein essor, plus prompt à susciter la polémique qu’à offrir une information scrupuleusement sourcée et vérifiée. A la fin de son récit, l’auteur nous en promettait une suite, que j'avais bien l'intention de lire.


Alors, en effet, on retrouve l’un des principaux protagonistes, l’infâme Léon Daudet, dans un cadre cette fois plus familial, puisqu’il est surtout question du suicide de son fils. Le roman s’ouvre toutefois sur le personnage de la grand-mère paternelle de l’auteur et des souvenirs que celle-ci avait de l’Occupation, son mari étant entré dans la Résistance. Par ricochet apparaît le général de Gaulle - ce qui n'a rien de surprenant. On embraye alors sur lui et les relations qu’il entretenait avec Pétain depuis la fin de la Première Guerre mondiale. 


Visiblement, lier les deux fils narratifs ne semblait pas simple pour l’auteur - pourquoi n’a-t-il pas décidé d’écrire deux livres distincts ? -, qui ne nous cache rien de ses atermoiements. C’est là qu’intervient Zorn, un oligarque russe - ne me demandez pas pourquoi ni comment - qui lui propose un accord d’un genre inédit : avoir accès via une appli à toute son activité informatique, qui constituerait une « oeuvre » littéraire conceptuelle rétribuée en éthers, une monnaie virtuelle (un peu comme les bitcoins, si j’ai bien compris). Nous voici donc embarqués dans un texte à plusieurs étages où s’entremêlent la relation conflictuelle entretenue par Pétain et de Gaulle qui aboutira à ce que l’on sait en 1940, celle guère plus simple qui unissait Léon Daudet à son fils Philippe tenté par l’anarchisme, l’histoire familiale de Donner, le tout assaisonné de l’intrusion régulière de l’oligarque russe… Eh bien figurez-vous que la mayonnaise ne prend pas (n’en déplaise aux critiques du Masque et la Plume qui ne ratent décidément pas une occasion de se distinguer) ! On a affaire à un texte décousu, dénué de colonne vertébrale, dont l'auteur lui-même ne cesse de nous dire le malaise qu'il éprouve à son égard...


Au moins ce nouvel opus a-t-il l’élégance d’être beaucoup plus court que le précédent, ce qui m’a permis de mener la lecture à son terme, certains passages restant plaisants et intéressants. Mais si je peux me permettre un petit conseil, tenez-vous-en au titre : c'est vraiment ce qu'il y a de plus réussi dans ce roman !





6 commentaires:

  1. J'ai entendu parler de ce livre au Masque et la Plume ; je ne sais même plus ce qu'ils en disaient. Je vais suivre ton conseil et passer. Je n'avais pas lu "la France goy".

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    1. En revanche, La France goy n'était pas mal du tout... ;-)

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  2. Très drôle le "tenez-vous en au titre"... je vais suivre ton conseil (il me semble avoir entendu les membres du Masque bien se fritter sur le sujet, même si je ne m'attache pas trop à leurs avis)

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    1. J'avais écouté Le Masque avant d'avoir lu le livre. J'en avais de toute façon l'intention et m'apprêtais donc à me régaler tant ils s'étaient pâmés (au moins certains d'entre eux). Mais, comme à leur habitude, ils se sont enivrés de leurs propres mots et ont totalement déliré :-D

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  3. Oh merci, on a le droit de passer !! Je n'ai lu, de l'auteur, que quelques titres jeunesse. Mais qu'est-ce qu'il a publié !!

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