lundi 7 novembre 2022

Débarquer

 

Hugo Boris

Grasset, 2022



Hugo Boris est un auteur qui se tient volontiers du côté de la sobriété, voire du dépouillement. C’est ce que j’avais tant aimé dans le premier livre que j’avais lu de lui, Trois grands fauves, saisissants portraits de ces personnalités hors normes que furent Danton, Hugo et Churchill. Il avait su de manière magistrale aiguiser sa plume, jouer de l'ellipse et de formules fulgurantes pour restituer leur démesure.


Dans ce nouvel opus, il imagine l’improbable rencontre de deux êtres que rien ne semblait devoir rapprocher : une jeune femme depuis plusieurs mois sans nouvelles de son mari jamais rentré de son footing, la laissant seule avec deux enfants en bas âge, et un vieil Américain vétéran du Débarquement de juin 44 revenant sur les plages normandes au soir de son existence. 

C’est donc Magali, guide de son métier, qui est chargée de l’accueillir et de le conduire sur les lieux de mémoire. Sauf que Magali est ravagée, perdue, et qu’Andrew reconnaît les lieux et s’y oriente mieux qu’elle ne saurait elle-même le faire.


Hugo Boris ouvre son roman sur la scène du Débarquement dont il restitue la violence à travers les gestes et l’angoisse de son personnage. S’ensuit un long développement sur Magali, son sentiment d’abandon, la souffrance engendrée par l’absence de réponse à ses questions, la difficulté croissante qu’elle éprouve à faire face à son existence. Ce n’est que dans le dernier tiers du livre que ces deux êtres en perdition se rejoignent, et c’est dommage car c’est ce rapprochement qui aurait pu être intéressant.


Si la concision était remarquable pour dépeindre des figures historiques, elle me semble moins adaptée au sujet qui nous occupe aujourd’hui : les différentes parties du récit sont plaquées sans véritable articulation, et l’auteur procède par scènes juxtaposées sans vraiment les nourrir de dialogues ou d’observations qui auraient pu les rendre plus convaincantes. On n’a guère le temps de s’attacher aux personnages et on referme le roman avec l’impression d’avoir côtoyé des fantômes. Mais peut-être était-ce l’effet recherché ?



 



3 commentaires:

  1. J'avais été moins convaincue que d'autres par "Police", je n'ai pas continué et tu ne me donnes pas particulièrement envie avec ce dernier titre.

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  2. Une lecture que j'ai beaucoup apprécié, le personnage de Magali surtout. Je n'ai pas eu l'impression d'un récit plaqué.

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  3. De mon côté je n'ai encore jamais lu Hugo Boris, celui-ci avait vaguement éveillé mon intérêt mais bon...

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