vendredi 8 avril 2022

Une maison à Bogota

Santiago Gamboa
Métailié, 2022

Traduit de l’espagnol (Colombie) par François Gaudry




On a tous plus ou moins en tête une maison idéale, un endroit où on pourrait se sentir parfaitement à sa place, qui serait comme un refuge et un rempart au monde extérieur. Le narrateur de ce roman a beaucoup de chance : cette maison existe, elle a longtemps alimenté ses rêves et, lorsqu’il remporte un prix littéraire richement doté, il peut enfin l’acquérir.

C’est ainsi qu’après avoir vécu en divers points du globe, il rentre à Bogota et s’y installe avec la tante qui l’a élevé. Une maison, ce n’est pas un simple agrégat de briques et de pierres. Une maison est riche de promesses, de projections et d’histoires, passées ou à venir. Le quartier, la ville, le pays, voire le continent où elle se situe la déterminent également. 

Après avoir pris possession des lieux, le narrateur se déplace de pièce en pièce pour raconter la manière dont il l’habite avec sa tante, laissant à cette occasion remonter ses souvenirs et donnant libre cours à ses réflexions.

Pour l’auteur, ce procédé est une manière de dépeindre sa ville d’origine, Bogota, ainsi que ses habitants. Tout comme son personnage, il s’en est longtemps absenté, ayant vécu une trentaine d’années en exil. Avec ses avenues numérotées et certains de ses quartiers laissés en complète désaffection, Bogota ne possède pas le charme d’autres cités qu’il a pu connaître. Elle a pourtant des atouts, comme les majestueuses montagnes qui la dominent et que l’on peut encore apercevoir depuis certaines fenêtres. Mais elle est défigurée par la misère qui la ronge et que le narrateur refuse d’ignorer.  

Avec ce texte, Gamboa pare Bogota de la dimension littéraire qui paraissait lui manquer, alors que tant d'autres villes ont été magnifiées par les écrivains. Elle a pourtant comme toutes les autres une histoire et une identité à laquelle il nous donne ainsi accès.



4 commentaires:

  1. Le thème me plaît bien et je n'ai jamais lu l'auteur ; deux bonnes raisons de noter.

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  2. Je n'ai pas ressenti ce roman comme toi : c'est l'introspection du narrateur qui m'a plu.

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    1. C'est vrai qu'elle est importante, mais ce n'est pas ce qui a retenu mon attention. Comme quoi il y a autant de façons de lire un livre que de lecteurs. :-)

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