mercredi 13 avril 2022

Nous voulons tous être sauvés

Daniele Mencarelli
Globe, 2022


Traduit de l’italien par Nathalie Bauer



Daniele a 20 ans. Ce jeune homme entouré d’une bande de copains a plaqué ses études de droit et travaille lorsque l'occasion se présente. Bref, c’est un jeune adulte assez ordinaire. Mais un soir, pris d’un accès de violence, il met l’appartement de ses parents sens dessus dessous avant de s’en prendre à son père, à la suite de quoi il fait aussitôt l’objet d’une procédure d’hospitalisation sans consentement. 

Pendant une semaine, le voici enfermé dans un service psychiatrique en compagnie de six autres hommes également atteints de troubles psychiques plus ou moins aigus. Pour celui qui s’est toujours efforcé de cacher sa détresse aux yeux du monde, c’est une véritable catastrophe : pas un de ses amis ne doit savoir où il se trouve.

Pourtant, cela fait des années que Daniele est suivi par les médecins et qu’il se voit prescrire des traitements. Cela fait des années qu’il ressent un profond malaise face à l’existence. Qu’il y cherche un sens qui lui échappe. Parce qu’il sent qu’il faut se conformer aux exigences d’une société n’autorisant aucun pas de côté, aucune incertitude ni aucune remise en question, il joue la comédie de la « normalité » jusqu’à en perdre pied. 

Il n’est pourtant pas fou et comprend mal pourquoi il est ainsi enfermé. Mais contrairement à ce qu’il pensait, cette cohabitation forcée va lui offrir une forme de libération : il n’est pas seul à éprouver cette difficulté à exister et, face à ses compagnons d’infortune, il lui est enfin permis de baisser la garde. Il réalise alors à quel point il suffit parfois d’un incident apparemment bénin pour que s’ouvre un gouffre.

Daniele Mencarelli nous donne à voir les fêlures de son personnage et celles de ses camarades. A travers leur rencontre et la découverte qu’ils font les uns des autres, l’auteur révèle avec beaucoup de finesse et de sensibilité la fragilité des individus face aux injonctions sociales, qui commencent parfois par une pression parentale plus ou moins assumée. Le narrateur de ce roman porte le nom de son auteur. S’agit-il de sa propre histoire ? D’une histoire qui aurait pu être la sienne ? A le lire, la frontière est bien ténue entre la « réussite » et la chute. Et nul ne semble assuré de ne jamais connaître le vertige de l'effondrement.

4 commentaires:

  1. Réponses
    1. Oui, on peut dire ça comme ça. Mais très vivant, très dialogué.

      Supprimer
  2. Je l'ai mais j'avoue que le thème de la folie ne m'a jamais beaucoup tentée... j'y jetterai un œil tout de même.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi non plus, mais tu me connais je résiste mal aux Italiens ! Et finalement j'ai vraiment apprécié cette lecture.

      Supprimer