dimanche 17 octobre 2021

Bélhazar

Jérôme Chantreau
Phébus, 2021



Bélhazar. Quel nom étrange et poétique, ne trouvez-vous pas ? Comme une promesse de récits ancestraux et merveilleux. Mais l’auteur nous avertit d’emblée : l’histoire est inspirée de faits réels. A l’image du titre, elle invite pourtant le lecteur à un voyage envoûtant, nimbé de mystère et d’onirisme…


En 2013, en Bretagne, Bélhazar Jaouen meurt lors d’une interpellation policière. Il avait dix-huit ans. Il a été l’élève de Jérôme Chantreau, professeur de latin et de français. Un élève singulier, extrêmement doué mais n’entrant pas dans les cadres fixés par l’Education nationale. Un jeune artiste touche-à-tout ayant exposé et vendu ses oeuvres dès l’âge de seize ans. Un garçon nourrissant également une passion pour les armes et s’intéressant particulièrement à la Première Guerre mondiale. 

L’enquête prétend qu’il s’agit d’un suicide. La famille n’en croit rien, et la mère est déterminée à prouver que son fils n’a jamais voulu intenter à sa propre vie. Mais trop de personnes impliquées dans cette histoire trouvent elles-mêmes la mort dans des circonstances aussi différentes que soudaines. Jérôme Chantreau décide alors d’enquêter lui-même et de marcher dans les traces du jeune homme. 


Il interroge les parents séparés, se rend au domicile de chacun d’eux pour pénétrer dans l’univers de Bélhazar. A mesure qu’il découvre la troublante personnalité de ce dernier, l’auteur s’interroge sur sa propre démarche. Quel est réellement son dessein ? Faire la lumière sur cette insolite affaire ou bien accomplir sa vocation et pouvoir dire « je suis écrivain » ? Cherche-t-il la vérité, ou trouve-t-il matière à faire de la littérature ? Mais qu’est-ce que la vérité, sinon une construction parmi d’autres ? L’écriture n’est-elle pas une manière d’ordonnancer le monde, de lui donner une cohérence qui sans elle nous échappe ?


Peut-être l’écrivain ne livrera-t-il pas la clef de l’énigme de la mort de Bélhazar. Mais il nous offrira celle du monde intérieur du jeune homme et trouvera du même coup celle de sa propre existence intime. Et fera au passage don au jeune homme d’un somptueux tombeau littéraire, empreint de grâce et d’élégance.


Quant à savoir quelles sont les parts de réel et de fiction, quant à savoir même si tous les personnages de ce récit ne sont pas nés d’une imagination fertile, quelle importance, si nous avons la chance de lire un très beau texte ?








6 commentaires:

  1. Je te sens sous le charme du texte, me voilà tentée.

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    1. Complètement sous le charme. Je ne peux que t'encourager à le lire ;-)

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  2. Tu es convaincante, et touchée visiblement par ce texte. Merci pour le partage.

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    1. J'espère l'être. Ce livre aurait mérité qu'on parle davantage de lui (mais Busnel l'a fait récemment, ce qui devrait nettement aider ;-) )

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